Quelle idée de programmer le départ d’un train à 3h00 du matin. Après avoir regardé ma
petite famille dormir paisiblement à même le sol, emmitouflée dans une bonne
couche de plumes, preuve que le niveau d’adaptation optimal est atteint, un
sifflement puissant annonce l’entrée en gare du train pour Tupiza
(enfin !), et le temps pour moi de m’écrouler dans le siège d’un wagon
première classe pour 6 heures de sommeil.
Cherchez celui qui ne dort pas!
En fait de 6 heures, ce sera plutôt
trois, car la télé, que je n’avais pas remarquée à la montée dans le train,
s’allume comme par magie, pour nous faire profiter d’une sélection de chanteurs
et musiciens, tout droit sortis des coulisses de l’Eurovision, représentatifs de
tout ce qu’il y a de plus haïssable dans la variété internationale : les
Machucambos pour l’Amérique du sud (la flute de pan après 3 heures de sommeil
c’est dur !!), André Rieux,en live, pour la Hollande (une petite pensée
pour ma mamie qui était une fan inconditionnelle), Richard Clederman pour la
France, Céline Dion pour le Canada....Après avoir un temps pensé jeter la télé
par la fenêtre, je me suis ravisé en découvrant l’extraordinaire paysage au
lever du soleil que ce réveil précoce nous permettait de découvrir. Le train
louvoyait à la vitesse fulgurante de 10 à 20 kms/h, au fond d’un canyon dont
les parois érodées par le vent viraient de l’ocre au rouge par endroit,
dépassant quantité de petits villages abandonnés, ou ne montrant que de timides
signes de vie, avec pour atténuer l’aridité du paysage un petit rio bordé d’acacias. L’imagination et
le manque de sommeil ont fait le reste. Ennio Morricone à remplacer Richard
Clederman, le train s’arrête en gare de Tunkuncari et j’entends Clint Eastwood
déclarer : « Le monde est partagé en deux : ceux qui ont un
révolver chargé et ceux qui creuse… et toi, tu creuses !! ». Pas de
doute on est en plein Far West.
Tupiza est le lieu idéal pour se poser quelques jours et
récupérer de cette folle équipée dans le Salar d’Uyuni qui nous a rétamé en
terme d’émotions : une multitude de couleurs, des monceaux de lagunes,
des immensités blanches et désertiques, une foultitude d’illusions d’optiques…
C’est fatiguant tous ces superlatifs. Il nous fallait digérer ces paysages
fabuleux pour mieux les raconter. Nous avons également particulièrement
délaissé ces derniers temps nos devoirs de professeurs des écoles amateurs et
les filles ont du français, des maths et de la physique/chimie sur la planche.
Mais dans ce décor de far West, Tupiza est également le lieu
idéal pour que nous, adultes de peu de foi envers la gente équestre, nous nous
réconciliâmes avec les équidés et que nous acceptions de ne pas avoir les pieds
qui touchent par terre sur le dos de ces impressionnants mammifères. Moi, je
voulais bien faire une balade à cheval, mais en poney. Un petit poney, genre
shetland qu’on me tiendrait par la
bride. Mais non, là c’est le grand saut. On s’est laissé convaincre par les
filles pour une ballade de cinq heures à dos de canasson dans la périphérie de
Tombstone avec au programme la visite "del cañón de Duende", "del cañòn del Inca" y "del cañón del Machos" et pour finir le franchissement de "la puerta del diablo". De
quoi finir avec des escarres et ne plus pouvoir s’asseoir pendant un moment, si
toutefois on arrive Fred et moi à se maintenir sur ces fiers destriers un brin
caractériels. A peine rassurés par le discours bien rodé de la propriétaire des
chevaux qui nous certifie que « no se necesita experiensia », et qui
semble amusée de voir que nos filles sont bien plus à l’aise que nous, nous
coiffons nos sombreros et enfourchons nos montures pour ce très long périple
équestre.
Même pas crispé le sourire!!
Antonio Wayne!
Gentil le cheval, gentil!!
Gentil le cheval, gentil!!
Le début de la balade se passe plutôt bien, et nous
rejoignons au pas, en file indienne, le canyon de Duende, une vallée encaissée
qui se rétrécie progressivement, bordée d’une végétation sèche et aride
principalement composée d’acacias, et dont l’extrémité se réduit pour ne plus
permettre qu’une exploration pédestre en priant pour que le temps nuageux ne vire pas à la pluie. C’est
magnifique et le plaisir de découvrir ces paysages dignes des films de Sergio
Léone est sans contexte démultiplié par le fait d’avoir retrouvé l’usage de
nos jambes.
L'arrivée au "Cañón del Duende"
Calamity Jane et ses filles!!
Le franchissement de la porte du "Cañón del Duende"
Le "Cañón del Machos"
Le shérif et ses assistantes... il faut savoir s'entourer!!
Au retour, et après quatre heures à tenter d’assimiler les
bases de l’équitation, c’est en conquérants que nous franchissons la porte du
diable, les jambes serrées, le buste droit et les fesses en compote, fiers
d’avoir évité la chute dans les énormes cactus
qui nous ont accompagnés tout du long sur le chemin. Bon je ne dis pas que nous
retenterons l’expérience de sitôt, mais nous nous sommes, Fred et moi, en
partie réconciliés avec la gente équestre et c’est l’essentiel, d’autant que
nos deux puces étaient ravies et que ne pas sillonner à cheval ce décor de cinéma aurait été dommage. Par contre,
pour la sortie VTT prévue le lendemain, je pense que ça risque d’être compliqué
de devoir s’asseoir sur plus dur et plus petit et devoir supporter les cahots
d’un chemin, un simple tabouret de bois étant une torture.
On a décidé de
repousser au sur lendemain, histoire de récupérer un peu avant de poursuivre
l’exploration de cette région magnifique.Bon, on a pas eu trop de soucis à se faire, les vélos de
l’agence étaient dans un tel état qu’assez vite l’idée de ne pas en faire nous est venue : pas de freins, les casques
défoncés… et fort de l’idée que rien ne vaut une bonne marche à pied, nous nous
sommes rabattus sur le mirador de la ville, un chemin de croix qui permet une
vue magnifique sur la ville et ses environs. C’est l’endroit qu’Elise a choisi pour tester l’hypoglycémie et le malaise vagal. Il nous en a couté une bonne
frayeur et un melon qui a dévalé la pente pendant que je rattrapais ma fille
blanche comme un linge. Le petit déjeuner est devenu obligatoire pour Elise et
on a rajouté des barres de céréales dans le sac. Au sommet, la vue était
magnifique et nous avons pris toute la mesure de la situation géographique de
Tupiza : une ville à 3000 mètres d'altitude, à l’extrémité est du sud Lipez, coincée dans la vallée du "Rio Tupiza" dans lequel serpente une voie ferrée où circule des trains d’un
autre âge au milieu des cactus et des canyons aux couleurs éclatantes. Ça valait vraiment le
coup de monter. Quel spectacle !!
La porte du diable en cavalière émérite!!
Manger c'est la clé, hein Elise??
Demain, nous remontons vers le nord à Potosi, où l’argent coulait à
flot : « ça eut payé, mais ça paye plus !! ».
pour un peintre vous lire c'est l'ideal Vert de trouille pour une elise blanche comme un lingePour ce qui est de la couleur rouge je pense que c'est la coloration de la region qui a frotté la selle des chevaux.Quant au bleu laissez le de côté ,evitez le ;il est souvent synonyme de rencontres mal appropriees.Je pense à tous les westerns que vous allez regarder d'une autrefaçon maiitenant .Bisous grand pere
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