De Potosi, il ne nous faudra que trois heures pour rejoindre
Sucre, appelée ainsi en hommage au général Sucre, la capitale constitutionnelle
et le lieu de la déclaration d’indépendance de la Bolivie. Sucre, aussi appelée
la ville blanche pour tous ses bâtiments blanchis à la chaux est une ville de
215000 habitants, nichée dans une vallée à 2700 mètres d’altitude et qui
possède tous les atouts pour que notre condor se pose quelques jours : un
climat doux et agréable, un centre ville éblouissant dans tous les sens du
terme qui a valu à la ville d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO,
des jardins, des parcs de jeux, des musées intéressants et variés et la
« Cordilliéra de los Frailes » qui se dresse à l’est de la ville et
qui offre une diversité de paysages et de formations géologiques dont le fameux
cratère de Maragua, qui permet des possibilités de treks sur plusieurs jours.
La ville blanche
Sur les conseils de la famille Caillet, nous avions réservé
la chambre familiale à l’hôtel « La Dolce Vita », que tiennent en
gérance provisoire Vaïté, Cédric et leur pitchoune Suyaï, une magnifique
pension dotée d’une petite cuisine, de terrasses ensoleillées (hors des
fréquents orages qui s’abattent de toute part sur la ville de Sucre), d’une
salle télé que nous avons transformée en salle de classe ou de jeux et d’un
accueil familial et chaleureux qui nous a fait posé nos valises en ce lieu près
de 15 jours.
Fred, Elise et Juliette en ont profité pour suivre assidument
et pendant une semaine, les cours d’espagnol à l’Alliance Française afin
d’acquérir plus de facilité dans le dialogue et de consolider les bases acquises
au cours du voyage. Le résultat est saisissant, je suis désormais tenu au
silence pour tout les conversations courantes (demander son chemin, chercher
une chambre, commander dans un restaurant, faire les courses), c’est tout juste
si je peux parler foot avec mon voisin dans le bus sans qu’aussitôt Fred lui
demande quel est son équipe préférée, Elise s’il est joueur lui même et
Juliette à quel poste il jouait. Quel progrès !! Pour ma part, j’avais
deux heures tous les matins pour envoyer quelques mails, compléter le blog et
achever la série Malaussène de Daniel Pennac, avant de rejoindre mes étudiantes
à la terrasse de la Taverne devant un excellent expresso. Je ne dirais pas que
la routine à du bon mais je ne m’en suis pas lassé.
L'Alliance Française
A la Dolce Vita, nous avons également fêté Halloween à la
mode Américaine… du sud. Pas que ce soit un évènement qu’on affectionne
particulièrement, mais grâce à Vaïté qui fait des merveilles avec presque rien,
la préparation de cet événement à été une vraie fête. Fabrication de décors à
la « « gomma eva », recherche de tissus dans le « mercado
negro » pour les déguisements, atelier cuisine avec le fameux flan à la
parisienne de la sorcière Cornefredouille (merci à Nadia pour la recette envoyé
en urgence) et vidage de citrouilles vertes et de pastèques pour les
transformer en monstres terrifiants dont les yeux s’illuminent à la nuit
tombée. Tout était réuni pour un grand Sabbat : des sorcières, des
vampires, des fantômes et même un GI de l’armée américaine, comme quoi ils font
vraiment peur…
Pour le reste du quotidien à la Dolce Vita, nous avions les
soirées légumes, où le brocolis et les carottes à l’eau nous remplissaient de
bonheur, les soirées « pollo rico » (qui on vite remplacées les
soirées légumes), un poulet grillé et des barquettes de riz, des soirées
western pour poursuivre l’initiation des filles aux Western spaghetti et des
soirées pizza et jeux avec Cédric et Vaïté pendant lesquelles nous avons tout
tenté pour gagner au « Gobit » y compris en s’entraidant et en
trichant en famille, mais peine perdue, à ce jeu, Cédric est décidément trop
fort ;
La Dolce Vita à Halloween
"Una Bruja"
Vaïté, Cedric et Suyaï
"una otra bruja"
"Una familia de Brujas y un fantasma"
Pendant la journée et après les séances quotidiennes de maths, de français et de
physique dans les toilettes (pour étudier la lumière, le noir est
indispensable !), nous avons sillonné la « ville blanche » de
jour comme de nuit découvrant successivement : le parc Simon Bolivar et sa
tour Eiffel de 20 mètres de haut, dessinée dans les ateliers Eiffel et qui
mériterait une sérieuse réfection avant que quelques malchanceux ne puissent
mesurer sa hauteur réelle en fonction de la durée de leur chute, le
« parque infantil » et son diplodocus géant transformé en toboggan, la
« caille Areñales » pour les amateurs de chocolat, la « Plaza
20 de Mayo » (on a enfin compris que le nom des places principales en
Bolivie, était celui de la date à laquelle avait débuté l’insurrection pour
l’indépendance du pays dans chaque ville) bordée de magnifiques résidences
coloniales actuellement reconvertis en musée ou en bâtiments administratifs et
autour de laquelle des zèbres fringants assurent la sécurité des piétons et
enfin « la plaza de la Ricoleta»
située sur les hauteurs de la ville, car une grande ville d’Amérique du
sud ne se conçoit pas sans son mirador. Fidèle à notre nouvelle devise, nous ne
sommes pas allés voir le musée de la Ricoleta qui est en fait un monastère
déguisé. Par contre nous sommes montés admirer la vue du haut du toit de
l’église de « San Felipe », une vue magnifique sur l’orage qui allait
s’abattre sur Suce quelques dizaines de minutes plus tard.
Le zèbre fringant
La Mamita aux délicieuses salades de fruits du marché
"La Ricoleta"
"Les toits de l'église de San Felipe"
Au chapitre des musées, l’offre sur Sucre est très variée et
après un premier échec avec le pitoyable « musée » - couloir -
d’histoires naturelles, où quelques animaux empaillés et poussiéreux se
disputent le peu de place avec les bocaux de reptiles et quelques minerais, nous
avons été séduit par « El Museo Del Arte Indigena, o Museo Asur », un
musée magnifique consacré notamment à l’art ancestral du tissage des
communautés Jalq’a et Candelaria avec des pièces d’une précision incroyable et dont les techniques ont été redécouvertes
depuis l’ouverture et sont de nouveau transmises de génération en génération au
sein des communautés.
l'art du tissage du musée Asur
Nous avons également été emballé par « La Casa De La
Libertad », un ancien lieu d’enseignement jésuite, doté d’une magnifique
porte de bois sculpté, qui ouvre sur un joli patio, où patientaient les
étudiants qui devaient présenter leur thèse. C’est dans ce lieu que le 06 aout
1825 a été signé la déclaration d’indépendance de la Bolivie, et où s’est tenu
le premier congrès bolivien, faisant de ce bâtiment le berceau de la nation.
Simon Bolivar n’a jamais siégé au sein de ce congrès préférant refuser les
honneurs de la population bolivienne et délaisser le poste de président pour se
consacrer à son projet de grande Colombie, un immense état socialiste incluant
l’ensemble des pays du nord de l’Amérique du sud qui ne verra le jour que quelques années, de
1825 à 1830, avant que Bolivar ne soit désavoué et exilé de son pays
natal : le Venezuela. Le lieu est chargé d’histoire et conserve encore,
dans la salle principale, les chairs en bois finement travaillées, où étaient
installés les professeurs jésuites, puis les députés de la nouvelle Bolivie
ainsi qu’une impressionnante collection de tableaux des héros de la résistante
contre l’envahisseur espagnol. La visite en français nous a aidé à ne rien
perdre de l’importance du lieu.
"La Casa de la Libertad"
Enfin pour clore le chapitre musée de Sucre, une mention spéciale pour le nouveau
« Museo Del Tesoro », construit dans une très belle et très ancienne
maison coloniale ayant appartenue à Aniceto Arce, ancien président de Bolivie et
propriétaire minier et dont l’actuel
propriétaire, parlant un français impeccable, nous a réconcilié avec le monde
complexe des minerais en nous expliquant avec forces détails, leurs origines,
leurs techniques d’extraction, leurs couleurs, leurs textures, leurs valeurs et
les différentes techniques de taille. L’ensemble des pierres présentées a été
acheté par ce dernier au cours de nombreux voyages effectués principalement en
Amérique du sud et dont il parle avec passion. Deux heures de visitent dans un
musée de minerais alors que les salles qui y était consacré dans les autres
musées ne m’avaient jamais pris plus de 10 minutes. Une performance à mettre
à l’actif de ce conservateur passionné
désireux de partager l’histoire du lieu et sa passion des pierres précieuses.
Enfin pour la dernière partie de notre séjour, et après
avoir laissé Juliette récupérée d’une gastro cognée et moi d’un rhume carabiné,
nous avons quitté notre petit nid douillé de la Dolce Vita pour aller explorer
la « Cordilliera de los Frailes », pour deux jours d’autonomie sans
guide (bien trop cher à notre humble avis), équipé d’une carte IGN en format a3
et d’une photocopie d’un topo guide datant de 2003. Si avec ça on se perd… Nous
sommes partis le matin rejoindre la « Parada Ravelo », où détendu, un
peu trop peut-être, nous avons failli nous retrouver à grimper dans un camion
benne qui chargeait également des buffles pour ne pas avoir compris assez tôt
qu’il fallait prendre les tickets de bus dès l’arrivée. Par chance, nous avons
enfin fini par comprendre les signes discrets que nous faisait un des futurs
passagers du bus et nous avons pu prendre les quatre dernières places pour
Chataquilla, point de départ du trek. Le bus nous a déposé , après une route
chaotique, au milieu de nulle part, à cinquante mètres de l’endroit d’où part le
Chemin de l’Inca qui doit nous mener à Chanauga. Ce magnifique sentier tout
dallé de pierres plates, taillées il y a plus de cinq cents ans, descend à
flanc de falaise sur près de 1000 mètres de dénivelé, dans un décor de collines
aux couleurs changeantes selon l’oxydation de la roche, avec en point de mire
les étonnantes formations géologiques du cratère de Maragua, qui de loin
forment de gigantesques coquilles d’huitres recouvertes d’algues (ça doit nous
manquer les fruits de mer !!). Passé le village de Chaunaga, nous entamons
la remontée vers le cratère par une petite route en terre un poil monotone ,
n’ayant pas pu trouver le vrai sentier de randonnée, sous un soleil voilé qui
nous laissera de belles marques rouges de cyclistes et de méchantes ampoules bien
inconfortables. L’arrivée au cratère de Maragua est un vrai soulagement après
20 kms de marche et près de 7 heures d’effort. Nous nous installons dans les
« Cabanas Comunotares », de magnifiques petites cases au centre du
cratère où la pension complète est la bienvenue.
Le chemin de l'Inca
Las Cabañas
Le volcan Maragua
Nous rejoignons La Dolce Vita en fin d’après midi et comme tout effort mérite réconfort, nous irons combler une irrésistible envie de viande rouge à la Taverne, l’excellent restaurant de l’Alliance Française, où nous seront servi d’énormes pavé de steak argentin au roquefort en écoutant Nougaro, Higelin et Jean Jacques Goldman (tout ne peut pas être parfait !!). Une dernière soirée jeu avec Vaïté et Cédric et nous reprenons la route vers Santa Cruz où d’après ce qu’on nous a dit, la saison des pluies a bien commencé.
Super, je lis toujours avec plaisir le récit de votre grande et enrichissante aventure et merci de me faire revivre mon voyage en Bolivie. J'ai reconnu Sucre que j'avais beaucoup aimé, Potosi où nous avions eu froid et je me souviens du mal à respirer. Allez-vous à Tarrabucco. J'attends La Paz où Julien a vécu 18 mois. Bonne route. Je vous embrasse
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