Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois

Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois
Equateur, Pérou, Bolivie et Chili en famille

lundi 16 novembre 2015

Du 25 oct au 08 nov : Sucre, la Ciudad Blanca


De Potosi, il ne nous faudra que trois heures pour rejoindre Sucre, appelée ainsi en hommage au général Sucre, la capitale constitutionnelle et le lieu de la déclaration d’indépendance de la Bolivie. Sucre, aussi appelée la ville blanche pour tous ses bâtiments blanchis à la chaux est une ville de 215000 habitants, nichée dans une vallée à 2700 mètres d’altitude et qui possède tous les atouts pour que notre condor se pose quelques jours : un climat doux et agréable, un centre ville éblouissant dans tous les sens du terme qui a valu à la ville d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, des jardins, des parcs de jeux, des musées intéressants et variés et la « Cordilliéra de los Frailes » qui se dresse à l’est de la ville et qui offre une diversité de paysages et de formations géologiques dont le fameux cratère de Maragua, qui permet des possibilités de treks sur plusieurs jours.

La ville blanche

Sur les conseils de la famille Caillet, nous avions réservé la chambre familiale à l’hôtel « La Dolce Vita », que tiennent en gérance provisoire Vaïté, Cédric et leur pitchoune Suyaï, une magnifique pension dotée d’une petite cuisine, de terrasses ensoleillées (hors des fréquents orages qui s’abattent de toute part sur la ville de Sucre), d’une salle télé que nous avons transformée en salle de classe ou de jeux et d’un accueil familial et chaleureux qui nous a fait posé nos valises en ce lieu près de 15 jours.

Fred, Elise et Juliette en ont profité pour suivre assidument et pendant une semaine, les cours d’espagnol à l’Alliance Française afin d’acquérir plus de facilité dans le dialogue et de consolider les bases acquises au cours du voyage. Le résultat est saisissant, je suis désormais tenu au silence pour tout les conversations courantes (demander son chemin, chercher une chambre, commander dans un restaurant, faire les courses), c’est tout juste si je peux parler foot avec mon voisin dans le bus sans qu’aussitôt Fred lui demande quel est son équipe préférée, Elise s’il est joueur lui même et Juliette à quel poste il jouait. Quel progrès !! Pour ma part, j’avais deux heures tous les matins pour envoyer quelques mails, compléter le blog et achever la série Malaussène de Daniel Pennac, avant de rejoindre mes étudiantes à la terrasse de la Taverne devant un excellent expresso. Je ne dirais pas que la routine à du bon mais je ne m’en suis pas lassé.

L'Alliance Française



A la Dolce Vita, nous avons également fêté Halloween à la mode Américaine… du sud. Pas que ce soit un évènement qu’on affectionne particulièrement, mais grâce à Vaïté qui fait des merveilles avec presque rien, la préparation de cet événement à été une vraie fête. Fabrication de décors à la « « gomma eva », recherche de tissus dans le « mercado negro » pour les déguisements, atelier cuisine avec le fameux flan à la parisienne de la sorcière Cornefredouille (merci à Nadia pour la recette envoyé en urgence) et vidage de citrouilles vertes et de pastèques pour les transformer en monstres terrifiants dont les yeux s’illuminent à la nuit tombée. Tout était réuni pour un grand Sabbat : des sorcières, des vampires, des fantômes et même un GI de l’armée américaine, comme quoi ils font vraiment peur…
Pour le reste du quotidien à la Dolce Vita, nous avions les soirées légumes, où le brocolis et les carottes à l’eau nous remplissaient de bonheur, les soirées « pollo rico » (qui on vite remplacées les soirées légumes), un poulet grillé et des barquettes de riz, des soirées western pour poursuivre l’initiation des filles aux Western spaghetti et des soirées pizza et jeux avec Cédric et Vaïté pendant lesquelles nous avons tout tenté pour gagner au « Gobit » y compris en s’entraidant et en trichant en famille, mais peine perdue, à ce jeu, Cédric est décidément trop fort ;

La Dolce Vita à Halloween

"Una Bruja"


Vaïté, Cedric et Suyaï


"una otra bruja"

"Una familia de Brujas y un fantasma"



Pendant la journée et après les séances  quotidiennes de maths, de français et de physique dans les toilettes (pour étudier la lumière, le noir est indispensable !), nous avons sillonné la « ville blanche » de jour comme de nuit découvrant successivement : le parc Simon Bolivar et sa tour Eiffel de 20 mètres de haut, dessinée dans les ateliers Eiffel et qui mériterait une sérieuse réfection avant que quelques malchanceux ne puissent mesurer sa hauteur réelle en fonction de la durée de leur chute, le « parque infantil » et son diplodocus géant transformé en toboggan, la « caille Areñales » pour les amateurs de chocolat, la « Plaza 20 de Mayo » (on a enfin compris que le nom des places principales en Bolivie, était celui de la date à laquelle avait débuté l’insurrection pour l’indépendance du pays dans chaque ville) bordée de magnifiques résidences coloniales actuellement reconvertis en musée ou en bâtiments administratifs et autour de laquelle des zèbres fringants assurent la sécurité des piétons et enfin « la plaza de la Ricoleta»  située sur les hauteurs de la ville, car une grande ville d’Amérique du sud ne se conçoit pas sans son mirador. Fidèle à notre nouvelle devise, nous ne sommes pas allés voir le musée de la Ricoleta qui est en fait un monastère déguisé. Par contre nous sommes montés admirer la vue du haut du toit de l’église de « San Felipe », une vue magnifique sur l’orage qui allait s’abattre sur Suce quelques dizaines de minutes plus tard.

Le zèbre fringant




La Mamita aux délicieuses salades de fruits du marché



"La Ricoleta"

"Les toits de l'église de San Felipe"






Au chapitre des musées, l’offre sur Sucre est très variée et après un premier échec avec le pitoyable « musée » - couloir - d’histoires naturelles, où quelques animaux empaillés et poussiéreux se disputent le peu de place avec les bocaux de reptiles et quelques minerais, nous avons été séduit par « El Museo Del Arte Indigena, o Museo Asur », un musée magnifique consacré notamment à l’art ancestral du tissage des communautés Jalq’a et Candelaria avec des pièces  d’une précision incroyable  et dont les techniques ont été redécouvertes depuis l’ouverture et sont de nouveau transmises de génération en génération au sein des communautés. 

l'art du tissage du musée Asur

Nous avons également été emballé par « La Casa De La Libertad », un ancien lieu d’enseignement jésuite, doté d’une magnifique porte de bois sculpté, qui ouvre sur un joli patio, où patientaient les étudiants qui devaient présenter leur thèse. C’est dans ce lieu que le 06 aout 1825 a été signé la déclaration d’indépendance de la Bolivie, et où s’est tenu le premier congrès bolivien, faisant de ce bâtiment le berceau de la nation. Simon Bolivar n’a jamais siégé au sein de ce congrès préférant refuser les honneurs de la population bolivienne et délaisser le poste de président pour se consacrer à son projet de grande Colombie, un immense état socialiste incluant l’ensemble des pays du nord de l’Amérique du sud  qui ne verra le jour que quelques années, de 1825 à 1830, avant que Bolivar ne soit désavoué et exilé de son pays natal : le Venezuela. Le lieu est chargé d’histoire et conserve encore, dans la salle principale, les chairs en bois finement travaillées, où étaient installés les professeurs jésuites, puis les députés de la nouvelle Bolivie ainsi qu’une impressionnante collection de tableaux des héros de la résistante contre l’envahisseur espagnol. La visite en français nous a aidé à ne rien perdre de l’importance du lieu.

"La Casa de la Libertad"





Enfin pour clore le chapitre musée de Sucre,  une mention spéciale pour le nouveau « Museo Del Tesoro », construit dans une très belle et très ancienne maison coloniale ayant appartenue à  Aniceto Arce, ancien président de Bolivie et propriétaire minier  et dont l’actuel propriétaire, parlant un français impeccable, nous a réconcilié avec le monde complexe des minerais en nous expliquant avec forces détails, leurs origines, leurs techniques d’extraction, leurs couleurs, leurs textures, leurs valeurs et les différentes techniques de taille. L’ensemble des pierres présentées a été acheté par ce dernier au cours de nombreux voyages effectués principalement en Amérique du sud et dont il parle avec passion. Deux heures de visitent dans un musée de minerais alors que les salles qui y était consacré dans les autres musées ne m’avaient jamais pris plus de 10 minutes. Une performance à mettre à  l’actif de ce conservateur passionné désireux de partager l’histoire du lieu et sa passion des pierres précieuses.

Enfin pour la dernière partie de notre séjour, et après avoir laissé Juliette récupérée d’une gastro cognée et moi d’un rhume carabiné, nous avons quitté notre petit nid douillé de la Dolce Vita pour aller explorer la « Cordilliera de los Frailes », pour deux jours d’autonomie sans guide (bien trop cher à notre humble avis), équipé d’une carte IGN en format a3 et d’une photocopie d’un topo guide datant de 2003. Si avec ça on se perd… Nous sommes partis le matin rejoindre la « Parada Ravelo », où détendu, un peu trop peut-être, nous avons failli nous retrouver à grimper dans un camion benne qui chargeait également des buffles pour ne pas avoir compris assez tôt qu’il fallait prendre les tickets de bus dès l’arrivée. Par chance, nous avons enfin fini par comprendre les signes discrets que nous faisait un des futurs passagers du bus et nous avons pu prendre les quatre dernières places pour Chataquilla, point de départ du trek. Le bus nous a déposé , après une route chaotique, au milieu de nulle part, à cinquante mètres de l’endroit d’où part le Chemin de l’Inca qui doit nous mener à Chanauga. Ce magnifique sentier tout dallé de pierres plates, taillées il y a plus de cinq cents ans, descend à flanc de falaise sur près de 1000 mètres de dénivelé, dans un décor de collines aux couleurs changeantes selon l’oxydation de la roche, avec en point de mire les étonnantes formations géologiques du cratère de Maragua, qui de loin forment de gigantesques coquilles d’huitres recouvertes d’algues (ça doit nous manquer les fruits de mer !!). Passé le village de Chaunaga, nous entamons la remontée vers le cratère par une petite route en terre un poil monotone , n’ayant pas pu trouver le vrai sentier de randonnée, sous un soleil voilé qui nous laissera de belles marques rouges de cyclistes et de méchantes ampoules bien inconfortables. L’arrivée au cratère de Maragua est un vrai soulagement après 20 kms de marche et près de 7 heures d’effort. Nous nous installons dans les « Cabanas Comunotares », de magnifiques petites cases au centre du cratère où la pension complète est la bienvenue.



 Le chemin de l'Inca




 Las Cabañas

Le lendemain, le temps est couvert, et n’étant pas pressés (nous ne devons marcher que trois heures aujourd’hui), nous attendons tranquillement une éclaircie avant de se lancer sur le sentier. Il aurait été dommage que le temps ne soit pas de la fête pour découvrir ce lieu magnifique. Passé le village d’Irupampa, nous découvrons de magnifiques dunes de sable rouges et grises cernées par les parois du cratère dont les fresques géométriques et géologiques sont un vrai régal pour les yeux. Le chemin prend doucement de la hauteur et atteint le sommet du cirque d’où la vue sur Maragua est incroyable. Puis nous redescendons dans la vallée en suivant un petit sentier entre des murets de pierre au milieu des cactus et des eucalyptus, avant de rejoindre une ancienne voie d’irrigation qui nous mènera tout droit au petit village de Quila Quila, d’où repartent les « collectivo » pour Sucre.





 Le volcan Maragua










 Nous rejoignons La Dolce Vita en fin d’après midi et comme tout effort mérite réconfort, nous irons combler une irrésistible envie de viande rouge à la Taverne, l’excellent restaurant de l’Alliance Française, où nous seront servi d’énormes pavé de steak argentin au roquefort en écoutant Nougaro, Higelin et Jean Jacques Goldman (tout ne peut pas être parfait !!). Une dernière soirée jeu avec Vaïté et Cédric et nous reprenons la route vers Santa Cruz où d’après ce qu’on nous a dit, la saison des pluies a bien commencé.





1 commentaire:

  1. sabine Grandguillot16 novembre 2015 à 07:07

    Super, je lis toujours avec plaisir le récit de votre grande et enrichissante aventure et merci de me faire revivre mon voyage en Bolivie. J'ai reconnu Sucre que j'avais beaucoup aimé, Potosi où nous avions eu froid et je me souviens du mal à respirer. Allez-vous à Tarrabucco. J'attends La Paz où Julien a vécu 18 mois. Bonne route. Je vous embrasse

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