Personne ne vient à Cusco sans voir le Machu PIcchu, et même
s’il existe d’autres sites tout aussi fascinants, encore dissimulés sous une
épaisse couche de jungle et moins touristiques, tout le monde finit toujours
par aller voir ce site mythique et vous n’échapperez donc pas aux aventures de
la famille Poupel au Machu Picchu.
Nous sommes le dimanche 20 septembre, nous voyageons depuis plus
de deux mois, nous avons traversé de nombreux paysages et sites archéologiques
à couper le souffle mais aucun n’était aussi attendu que celui là. Le seul
site vraiment anticipé dans ce voyage improvisé.
Il existe trois itinéraires possibles pour rejoindre ce lieu
magnifique.Le premier, pour les randonneurs confirmés capables d’enchainer
huit heures d’effort sur trois à quatre jours en franchissant des cols de plus
de 4000 mètres ; c’est le chemin de l’Inca. Un trek fabuleux qu’il faut
avoir réservé plusieurs mois à l’avance et qui risquait d’être compliqué pour
les petites gambettes de nos deux pucinettes. C’était bien avant que le voyage
ne transforme Elise et Juliette en randonneuse de haute altitude. La seconde, pour
les touristes fortunés, ou pressés, partis à la découverte du Pérou pour trois
semaines et qui n’ont d’autres choix que de payer le prix honteusement élevé du
train qui assure la liaison entre Cusco et Agua Calientes et qui, pour nous,
représentait le prix de dix jours de voyage en mangeant au resto matin,midi et
soir (250 $ par personne).
L'effervescence d'une gare ferroviaire au milieu de la jungle
Et enfin, la dernière solution plus économique,
consistait à rejoindre le village de Santa Theresa en « collectivo »,
à suer à l’arrière d’un combi dont la ventilation avait rendu l’âme, l’estomac
au bord des lèvres, et à enchainer les virages pour passer le col à 4300 mètres
d’altitude, avant de rejoindre la centrale électrique, point de départ de notre
trek de l’Inca à nous. Onze
kilomètres de marche, le long de la voie ferrée (les sans le sous vont à pied
et regarde passer le train), au cœur d’une forêt tropicale luxuriante à longer le rio
Urubamba et à se faire dévorer par une nouvelle espèce suceuse de sang :
les mouches des sables, encore plus
fourbes que les moustiques qui ont au moins la décence de ne pas ressembler à un
vulgaire moucheron et de prévenir qu’il a soif d’hémoglobine. Les piqures de
ces satanées bestioles nous laisseront un souvenir cuisant et urticant pendant
plusieurs jours, et nos bras et nos jambes resteront marqués comme le visage d’un
adolescent en pleine poussée d’acné. Nous finiront par arriver en fin d’après
midi à Aqua Calientes, une petite ville dont la seule fonction est d’héberger,
de nourrir et de véhiculer les touristes vers le Machu Picchu, et qui nous a
fait penser, un temps à une station de ski, la neige et le froid en moins.
Le Machu Picchu se mérite, et le réveil nous cueille en
plein sommeil vers 4h30 pour avaler les 1700 marches qui nous séparent encore
de ce lieu chargé d’histoire. Les premiers mètres sont pénibles, mais
l’excitation monte à mesure que nous avalons le dénivelé. Encore quelques mètres et nous arrivons enfin
(nous et des centaines d’autres touristes du monde entier arrivés pour la
plupart en bus), à l’entrée d’un des site les plus célèbre classé par l’UNESCO.
On a tous déjà vu sur des reportages télévisés, sur internet
ou sur d’interminables séances diapo, des photos de ce lieu mythique et on a
tous pensé, qu’un jour ce serait extraordinaire de le voir de près. Mais
au moment de pénétrer sur le site, j’avoue m’être demandé, devant le monde qui
se pressait à l’entrée, si la magie allait opérer et si j’allais éprouver les
mêmes sensations qu’en découvrant le temple de Borobudur au levée du soleil en
Indonésie ou la plaine des sables pour la première fois. Mais à peine les barrières franchies, la chance est avec nous, le ciel est dégagé et pas une ombre ne
vient gâcher ce moment magique où, pénétrant sur le site, le soleil se lève
pour embraser les ruines de la plus célèbre des villes incas. La lumière est
magnifique et le spectacle est tel qu’on oublie
vite que nous sommes plusieurs centaines à le contempler. L’émotion est
entière et je me cache vite derrière mon appareil photo pour immortaliser ce
moment qui, je le sais maintenant, restera gravé dans ma mémoire et dans celle
de toute ma petite famille.
Le Machu Picchu au levé du soleil
La foule n’a
pas encore envahi le site. Il est encore tôt et nous découvrons au premier
plan les terrasses étagées qui servaient à la fois pour les cultures mais
également pour stabiliser le site, en équilibre au sommet d’un piton rocheux.
Au second plan,la ville s’étend sur plusieurs niveaux avec ses temples, ses
enchevêtrements de ruelles étroites et ses habitations en contre-bas,
remarquablement conservées pendant plus de 400 ans par la forêt tropicale qui a
envahi le site jusqu’à sa découverte en 1911. Enfin,au dernier plan se dresse
majestueusement le Wayna Picchu, le plus célèbre des pitons rocheux, dont la
position stratégique ne fait plus de doute tant il domine de toute sa hauteur
la vallée de l’Urubamba.
Les terrasses avec le Cerro Picchu en arrière plan
Alors que le Machu Picchu se remplit d’une partie de ses
2500 touristes quotidiens, nous rejoignons notre guide (Elvis au drapeau vert),
pour une visite guidée en espagnol qui durera deux heures et qui nous éclairera
sur l’incroyable conservation du site, miraculeusement épargné par les
conquistadors espagnols. L’hypothèse la plus probable serait que, se sachant
menacés, les Incas aient décidé d’abandonner le site pour se réfugier dans une
autre place forte du nom de Wilcabamba. Comme il n’existe aucun écrit sur la
culture Inca, le site est tombé dans l’oubli et n’était connu au moment de sa
découverte et de sa révélation au grand public, que par quelques paysans
quechuas, qui cultivaient les terrasses du site, la majeure partie étant
envahie sous 400 ans de forêt tropicale dense et protectrice.
Vers 10h00, alors qu’il n’est plus possible de prendre une
photo sans imprimer sur le capteur quelques dizaines de touristes dans des
poses variées devant chaque monument du site, nous débutons l’ascension du
Cerro Picchu, la montagne qui s’élève à plus de 700 mètres au dessus du Machu
PIcchu, et qui permet d’avoir une vue exceptionnelle sur le 15ème
siècle au temps des Incas. La montée est raide avec des marches hautes comme
une demi-pitchounette et sous un soleil de plomb. L’épisode Huaraz nous a
heureusement été bénéfique, et nous atteignons après une heure d’effort le
drapeau Inca qui nous nargue depuis le début de l’ascension pour découvrir un panorama
extraordinaire et pique niquer l’œil rivé sur ce trésor archéologique vue du
ciel.
Lorsque nous descendons vers 14h00, le site s’est
progressivement vidé de la foule qui quelques heures plus tôt se bousculait
dans les allées du Machu Picchu. Exit les Elvis aux drapeaux verts, les hordes
de touristes asiatiques pressés et les flots d’autres touristes de tout bord
dont les circuits organisés et minutés restreignent considérablement la liberté
de flâner. Tout ce joli petit monde s’en est allé rejoindre le bus puis le
train qui doivent les ramener sur Cusco ou ailleurs afin de poursuivre la
découverte du Pérou au pas de course (quel luxe d’avoir du temps… !!). Nous
avons profité de ce moment pour monter voir la maison du gardien et
prendre cette fameuse photo qui figure sur toutes les devantures d’agences de
voyage ou sur toutes les couvertures d’ouvrages traitant du Pérou et des Incas
et qui effectivement représente un des plus beaux points de vue de cette
merveille architecturale.
Une des plus belles vues du Machu Picchu
Puis nous avons continué de flâner, paisiblement en
famille, profitant des rayons du soleil
couchant qui, comme le matin, illuminent de nouveau les vieilles pierres du
site. Nous avons redécouvert les terrasses étagées, la place principale
désertée, le temple du Soleil, le temple du Condor dont les rochers disposés
naturellement rappellent les ailes déployées de ce géant des airs et les
habitations en aval et leurs dédales de ruelles étroites et sinueuses.
Le temple du Condor
Et après on se retrouve à garder des lamas quand sa fille est en vacances!
El Pachapapa!
Avant de
quitter le site, nous aurons la chance de croiser, en pénétrant dans la maison
de l’Inca, une colonie de chinchillas qui profitant de la chaleur des derniers
rayons du soleil et du calme de cette fin de journée, nous ont gratifié d’un
immobilisme prudent propice à de jolies photos.
Un chinchillas Inca
A la fermeture du site, nous rejoindrons Agua Calientes à pied, les jambes lourdes et sous un ciel menaçant, mais avec des souvenirs plein la tête et avec le sentiment d’avoir profité pleinement de cet incroyable site archéologique et d’avoir eu la chance de le découvrir dans des conditions exceptionnelles du fait notamment d’une grande liberté d’action que nous confère ce long périple familial. Le retour se fera par le même chemin,nos pensées s’attardant encore sur cette formidable découverte alors que déjà notre route nous mène tranquillement vers un autre trésor andin : Le lac Titicaca.
ouahou merci pour toutes ces belles descriptions et ces magnifiques photos.
RépondreSupprimerLes thermes d'aqua calientes ne vous ont pas tenté?
Profitez bien les loulous
bisous
laure
bravo pour les photos et la performance et bel exemple de sagesse Qu'il est bon d'avoir du temps Bisous et bon anniversaire a qui tu sais. Grand pere
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