Bienvenido en Bolivia!!!!
Vers 7h00, nous prenons place à bord d’un minibus, en
compagnie de deux jeunes allemandes Ina et Eva, pour avaler les 2000 mètres de
dénivelé qui nous séparent de la frontière au sud de "l’altiplano bolivien". Autant
le passage de la frontière entre le Pérou et La Bolivie ne méritait qu’une
ligne sur le zèle des douaniers chiliens,
autant celui entre le Chili et la Bolivie mérite qu’on s’y attarde un peu
plus. L’environnement du poste frontière côté Bolivien est désertique pelé et
minéral. Perché à plus de 4300 mètres d’altitude, au pied du volcan Licancàbur (qui possède à
lui seul trois records : celui d’avoir en son sein le plus haut lac
volcanique du monde, d’avoir l’écosystème le plus haut du monde, et d’être le
lieu de la plus haute plongée bouteille au monde), l’air y est pur, l’oxygène
plus rare et autant le paysage est un enchantement pour les nombreux touristes
de passage,autant pour les douaniers, travailler à cet endroit relève de la
double peine. Nos passeports parés d’un tout nouveau tampon, nous franchissons
la frontière pour rejoindre le 4x4 où, Gilmar, chauffeur, guide et cuisinier à
ses heures, nous attend pour un périple de trois jours dans le sud de
l’"Altiplano bolivien" avec en point d’orgue, la traversée du "Salar d’Uyuni". Le
temps est magnifique et il fait un froid mordant. En doudoune, nous nous
apprêtons à petit déjeuner pour la première fois à 4300 mètres d’altitude avant de prendre la route pour l’exploration
du parc national de "Fauna Andina Edourdo Avaroa".
Une petite photo pour immortaliser le passage de la frontière.
Déjà nous apercevons au loin notre première étape, la " Laguna Blanca » vaste miroir d’une pureté éblouissante dans lequel se
reflètent les sommets enneigés des alentours. Le spectacle est magnifique et nous
flânons le long des berges gelées du lac, moi pour prendre quelques sublimes
photos et les filles pour préparer le remake d’"Holidays on Ice" à 4000
mètres. Le soleil est maintenant bien
présent et nous avons retiré quelques couches, même s’il persiste un de ses
petits vents glaciales d’altitude qui nous saisie lorsqu’il souffle en
bourrasque.
La Laguna Blanca
" Holidays on Ice" à 4000 mètres, on tiendrait pas deux heures!!
Un peu plus tard, c’est la "Laguna Verde" qui se
dresse devant nous. La surface est effectivement d’un vert d’eau, un peu laiteux
et Gilmar nous explique qu’à cet endroit,
les rayons du soleil révèlent la réaction chimique entre le cuivre et
l’arsenic contenu dans les sols et dans l’eau ce qui donne à la lagune sa
couleur caractéristique. Le bord du lac est recouvert d’écume dont le contact
avec les mains n’est que moyennement recommandé comme le constaterons Ina et
Eva nos deux jeunes allemandes curieuses.
La Laguna Verde
La troisième étape de cette magnifique journée consistera à
s’immerger dans une source d’eau chaude issue tout droit de l’activité
volcanique de la cordillère qui borde l’Altiplano, dont la température proche
de 39° en fait un bain particulièrement agréable, le tout dans un décor que ne
renierait pas n’importe quel amateur de thalasso. Quelques photos montrent
néanmoins qu’il est préférable d’être immergé dedans jusqu’aux épaules car à
l’extérieur le port de la doudoune reste obligatoire pour les frileuses
timorées rétives à l’idée de se débarrasser d’une seule couche de plume
protectrice.
C'est chaud dedans, froid dehors
Sur l’heure du midi, nous ferons halte aux geysers "sol de Mañana ", où la terre laisse échapper la vapeur sous pression issue
de la rencontre entre une probable nappe phréatique et l’activité volcanique
environnante. Entre ces cocottes minutes, dont la vapeur peut s’élever à
plusieurs dizaines de mètres dans un sifflement assourdissant, on trouve
d’autres dépressions plus tranquilles mais tout aussi dangereuses, dans
lesquelles la terre dissoute par l’acidité du sol et chauffée jusqu’à
l’ébullition éructe à intervalles réguliers quelques bulles de gaz qui
entrainent vers le ciel un peu de cette boue incandescente. Nous circulons avec
prudence au milieu de cette terre en fusion, le site étant vierge de toute
sécurisation et la chute fatale.
Les geysers "Sol de mañana"
Même pas peur!!
La Laguna Colorada,
Les habitants du lac
Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi
Le lendemain, nous débuterons la journée par la découverte
du « canyon del Inca », une vaste formation minérale de roches rouges
érodées par le vent, dans laquelle on trouve encore des habitations en pierre et des peintures rupestres ayant résistées à l’usure du temps. Ce sera l’occasion d’escalader quelques rochers mais pas
aussi vite que les habitants actuels des lieux : les chinchillas.
La maison du grand Schtroumpf
Fred et Antoine en vacances
La foie soulève des montagnes, mais là quand même...
Au cours de la matinée, nous explorerons d’autres
formations minérales, comme le "labyrinthe de l’italien perdu", ou le "rocher
coupe du monde", qui avec l’imagination fertile peuvent faire illusion, avant de
pénétrer cette fois dans un vrai labyrinthe qui nous révèlera en son sein
la " laguna Negra " une des plus secrètes et des plus jolies lagunes
de ces deux jours. Sa situation encaissée au cœur du canyon donne à l’eau
une couleur sombre qui contraste avec l’ocre rouge des roches alentours et les
vertes prairies qui la bordent, ou paissent tranquillement quelques lamas, dont
je sais maintenant qu’ils ne sont pas sauvages (ça n’existe pas les lamas
sauvages !!!). Un pique nique avec nappes sur les tables et aliments délicieux
et improbables dans un site aussi isolé accentuera encore le côté magique du
lieu.
La Laguna Negra
Après plusieurs heures de route dans « La valle de las Rocas », toujours dans ce décor de roches rouges où poussent des cactus
géants, nous nous rapprochons inexorablement du Salar d’Uyuni et le paysage
commence à changer progressivement. Exit les formations rocheuses et la terre
rouge, le terrain s’aplanit pour laisser place au « Salar de
Chiguana » où, aussi improbable que cela puisse paraître, poussent d’immenses
champs de quinoa que guettent quelques vigognes isolées attendant une
opportunité. Le sol blanchit progressivement recouvert par le sel, l’air devient plus sec et c’est dans
cette ambiance que nous arrivons dans le village fantôme de San Juan où tout
nous rappelle les décors des westerns spaghetti jusqu’à la vieille gare ferroviaire désaffectée et son château d'eau corrodé par le sel. Le soleil se couche
progressivement à l’horizon et nous rejoignons notre hôtel aux portes du Salar
d’Uyuni sur l’air de « Shine on your crazy diamond » des Pink Floyd
dont l’intro à la guitare est de circonstance dans ce décor surréaliste. Je
pense que le souvenir de cette traversée ressurgira chaque fois que je réécouterai
ce magnifique solo de guitare.
San Juan
Avant d’arriver dans notre hôtel, nous étions loin de nous
imaginer que le sel était un matériau de construction, or ici, tout le
prouve : les briques des murs extérieurs et intérieurs sont en sel, les
colonnes qui soutiennent la charpente également jusqu’à nos lits dont les
matelas reposent sur un sommier de sel. C’est incroyable, d’autant que nous
sommes le 13 octobre 2015, soit 15 ans après que nous nous soyons retrouvés Fred et moi en ce vendredi 13
octobre 2000 au 13 rue de l’Iton. L’endroit est unique et inoubliable
pour célébrer cet événement. Joyeux anniversaire salé !!!
L'hôtel de sel
Le lendemain, départ cinq heures pour assister au lever de
soleil sur le Salar d’Uyuni. Nous nous retrouvons de nuit, au cœur de cette
immensité plane, frigorifiés mais assistant à un des plus beaux moments qu’ils nous aient à tous été donnés de contempler. Le jour naissant dévoile enfin cette
étendue de sel, dont l’épaisseur peut atteindre par endroit 40 mètres et qui est issue de l’évaporation d’une mer
intérieure isolée par l’apparition des cordillères bordant la côte ouest de
l’Amérique du sud. La chaleur, l’absence de précipitation et le vent ont fait
le reste pour nous offrir cette succession d’hexagones salés à perte de vue
composant ce paysage magnifique et lunaire perché à 3600 mètres d’altitude. Les
preuves de la présence de la mer nous serons apportées par la visite d’une
grotte en plein Salar tapissée dans son ensemble par une couche de corail
fossilisée. Pour l'anecdote, le Salar d'Uyuni recèle à lui seul près de 50% du lithium de la planète et à l'heure de la voiture hybride ou électrique, il est à craindre que ce fantastique désert salé et isolé ne soit dévasté et transformé en millions de batteries. Malgré les nombreuses sollicitations des géants industriels de tout bord, Evo Moralès a jusqu'à présent refusé l'exploitation du Salar et s'est contenté d'y implanter une petite usine pilote bolivienne à la périphérie du parc naturel. Mais Evo Morales n'est pas éternel, et la pression des entreprises est très forte pour que la Bolivie imite son voisin chilien qui exploite déjà à grande échelle le lithium du Salar d'Atacama.
Lever de soleil sur le Salar
Du corail en plein désert
Nous nous dirigeons vers l’ile d’Incahuasi située au centre
de ce lac salé et sur la route, avec le
soleil rasant de ce début de matinée, les sommets qui bordent le Salar semblent
flotter sur la ligne d’horizon. A peine arrivés, nous entamons l’ascension de
l’ile par un chemin qui serpente au milieu de cactus géants qui se
dressent à plusieurs mètres au dessus du sol. Ces cactus, en grandissant, se
solidifient de l’intérieur en sécrétant une substance proche du bois avec
laquelle les Boliviens fabriquent toutes sortes de meubles ou d’objets de
décoration. Au sommet de l’ile, la vue est magnifique et cette végétation
épineuse, tout droit sortie du Far West, représente un premier plan phénoménal
pour les photos.
La isla Incahuasi
D'étranges choses se passent dans le Salar, mais où est ma femme??
Un cactus branché
Le Salar d'Uyuni
Pour l’étape suivante, c’est bien de photo dont il s’agit.
Nous avons rendez vous en plein cœur du Salar, afin d’y réaliser les
photos les plus insolites, profitant de l’absence totale de repères visuels qui
fausse la profondeur de champs. Les objets prennent des proportions
gigantesques, certaines personnes rapetissent, d’autres ont l’allure de géant et nous mettons à profit ces illusions d’optiques pour laisser libre court à notre imagination et élaborer
des scénari tous plus délirants, aussitôt immortalisés sur la pellicule.
Quand je vous disais qu'il se passait de drôles de choses
On saute à 1, 2, 3...
...ou à 1,2,3 et allez!!???
On est pas arrivées!!
Hyper dangereux le Salar
Ma Fred de poche
Remballe les gosses, on s'en va!!
Youpppiii!! j'ai retrouvé mon stick à lèvres!!
Puis le 4x4 file sur cette immensité blanche pour nous
conduire vers le cimetière des trains, seule véritable attraction d’Uyuni, où
l’importante collection de wagons et de locomotives à vapeur date de la fin du
XIXème siècle, à l’époque où Uyuni abritait une usine de wagons. Actuellement
ces immenses mastodontes d’acier rouillent en plein soleil, et sont un
spectacle insolite dans ce paysage désertique.
Le cimetière des trains
Après s’être imaginé pendant quelques instants chargeant jusqu’à la gueule les chaudières de ces demoiselles du rail, actionnant le puissant sifflet à vapeur pour annoncer le départ vers la pacifique, nous prenons place vers trois heures du matin, en première classe s’il vous plait, pour notre premier vrai trajet ferroviaire dans un train en état de marche ,vers l’est cette fois, direction Tupiza, la ville qui aurait vu la fin de Butch Cassidy et le Kid, tués alors qu’ils tentaient de rafler la paie des employés de la compagnie minière de Carlos Pero. L’aventure continue…