Vue de La Paz du fond de la vallée
La partie nord avec vue sur le Huayna Potosi
Un des téléphériques qui rejoignent l'Alto
Mardi 24 novembre.
Le lendemain, après une grasse matinée et un peu de devoirs, nous allons visiter la « caille Jaén », une petite ruelle tout en montée où se concentre ce qui reste des maisons coloniales de la ville, dont les façades peintes de couleurs vives et les balcons en fer forgé en font une des plus belles rues de La Paz. Elle abrite également nombre de musées, dont le musée de la musique, un musée vivant, instructif et ludique qui tente de recenser les quelques milliers d’instruments de musique différents existants en Bolivie, appartenant aux différentes ethnies du pays dont, et pour ne citer qu’eux, les célèbres « Charango » (petite guitare au son aigü, en bois, en tortue ou en « quirquincho »), la « Kena » (une flute droite à encoches), et la « Zampoña » (flute de pan traditionelle andine). Au premier étage, de nombreux instruments sont mis à disposition des visiteurs, créant dans cette partie du musée, une joyeuse cacophonie que ne manquerait pas de remarquer l’oreille alerte d’un mélomane en quête de nouvelles vibrations. Nous avons joué, Juliette et moi, sur un authentique piano à pédales respectivement « Inspecteur Gadget » et Ray Charles, c’est quand même pas tous les jours…
"La caille Jaèn"
Toutes les utilisations possibles du pauvre Quirquincho (sorte de petit tapir sans défense)
Le musée de la musique
Un des nombreux ponts qui surplombe l'avenue "El Prado"
L’après midi, je décide d’organiser le projet qui me trotte dans la tête depuis plusieurs mois et qui n’attendait qu’une occasion pour se réaliser. A force de côtoyer les sommets de la Cordillère des Andes en Equateur, de la Cordillère Blanche au Pérou et de la Cordillère Occidentale à la frontière Chili/Bolivie, j’ai des envies de sommets enneigés et d’altitude. Et depuis quelques semaines je sais que si l’occasion se présente ce sera probablement le Huayna Potosi, une montagne de 6088 mètres qui domine La Paz de toute sa hauteur et qui est situé à moins de 40 kilomètres de la capitale. Cette montagne a le double avantage de se grimper toute l’année, bien que décembre ne soit pas la saison idéale pour ça, du fait de l’augmentation de la fréquence des orages et des chutes de neiges, et de n’être accessible qu’en crampons et piolet sans toutefois qu’il soit nécessaire d’être un alpiniste chevronné. Ce sera pour moi l’occasion d’approfondir les bases de la marche sur glace, apprises au cours des stages Ifremmont à Chamonix.
A notre arrivée sur La Paz, les conditions sont idéales pour cette ascension en solitaire : nous ne sommes que rarement descendus en dessous des 3000 mètres depuis plus de deux mois, nous venons de passer en famille, plus d’une semaine au delà de 4000 mètres avec une incursion à 5000 mètres dans le parc de Sajama et ma petite famille peut m’attendre à Copacabana, sur les bords du lac Titicaca, une petite ville bien plus tranquille que La Paz pour Fred et les filles. J’ajouterai que les prix honteusement élevés de la seul compagnie aérienne : Amazonas, qui assure le monopole de la liaison entre La Paz et Rurrenabaque ont douché notre envie de refaire une nouvelle incursion dans la jungle Amazonienne coté Bolivien. Je suis donc allé directement dans l’agence Inca Land Tours pour organiser cette ascension, grâce aux recherches faites précédemment par Guillaume et Béné, des routards rencontrés dans le nord du Pérou dont nous suivons le blog, et qui ont épluché les commentaires internet sur le sérieux, le professionnalisme des agences et sur l’état du matériel proposé. Pour 1000 bolivianos (soit un peu plus de 130 euros), je partirai donc dans deux jours gravir le Huayna Potosi avec Inca Land Tour avec au programme : une première journée pour rejoindre « el campo baso » à 4750 mètres (en voiture) et s’exercer un peu sur le glacier tout proche, une seconde journée pour grimper à 5103 mètres, au « campo alto » avec tout le matériel, et une ascension prévue dans la nuit de vendredi à samedi avec, si tout va bien, une arrivée au sommet à 6088 mètres pour le lever de soleil. Le retour sur La Paz est prévu en début d’après midi, ce qui devrait en théorie, me laisser le temps de rejoindre ma petite famille sur le bord du lac.
Mercredi 25 novembre :
Nous avons tous passé une horrible nuit à cause de la présence à notre étage d’une bande d’adolescents boutonneux qui ont retourné leurs chambres une bonne partie de la nuit, flanquant une trouille du diable à Elise et Juliette qui dormaient seules à coté et les empêchant de dormir jusqu’à 4h du matin, suivi d’un réveil à 6h par le prof agacé, tambourinant pendant plus d’une heure à leur porte pour tenter de les réveiller. Et moi sortant dans le couloir en slip pour demander, en espagnol matinal, si ce bordel n’était pas bientôt fini. Ca devait être comique comme spectacle !!!
Dur de travailler dans la matinée, mais nous parvenons tout de même à boucler les blogs pendant que Juliette entame son reportage sur les camélidés d’Amérique du sud. L’après midi, nous nous trainons péniblement au « musée de la coca » qui, s’il nous a appris de nombreuses choses sur l’histoire, la culture, l’utilisation et les propriétés nutritives, stimulantes et pharmaceutiques des feuilles de coca, reste tout de même un très mauvais souvenir pour Elise et Juliette, qui ont détesté toute la partie sur la transformation de la coca en cocaïne, la dépendance du consommateur et son inexorable déchéance jusqu’à la mort ou au mieux, la cure de désintoxication (avec en expo un vrai drogué en plastique devant la télé avec une seringue dans le bras). Un peu brutale comme prévention, mais efficace !
Vers 16h, je fonce à l’agence essayer le matériel de location et après un peu de tri pour éliminer l’équipement hors d’usage, je finis par trouver mon bonheur : un pantalon Gore Tex quasi neuf, des chaussures rigides pas trop usées, un baudrier qui semble avec plus de 5 ans mais dont les élastiques ne sont pas rongés et qui inspire confiance, une cagoule pour le grand froid et un piolet bien solide. Pour le reste j’emporte mon propre matériel : duvet, Gore Tex, polaire, sac à dos … Le soir, nous préparons méticuleusement les sacs à dos pour notre séparation de trois jours et nous nous couchons en espérant une nuit différente de la veille car demain le bus pour Copacabana est à 7h30.
La "Plaza Murillo" avec le palais d'Evo Morales
La cathédrale de La Paz
A La Paz aussi on prépare Noël
Super nuit, pas un bruit dans l’hôtel. Nous avons à peine le temps de déjeuner que le bus emmène ma petite famille, direction les bords du lac Titicaca. Nous avons prévu de nous retrouver samedi soir à l’hôtel Sonia.
Avant mon départ pour le camp de base, j’ai une mission de la plus haute importance. Les filles se sont cotisées pour que j’achète le drapeau andin (le Whipala), symbole des différentes communautés d’Amérique du sud, à faire flotter au sommet. Après avoir un temps galéré pour me souvenir comment se disait drapeau en espagnol (bandérilla), et alors qu’agitant la main au dessus de ma tête pour me faire comprendre, deux ou trois marchands aient voulu me vendre de la peinture ou des pinceaux, je finis par dénicher le fameux drapeau : mission partiellement accomplie, reste à le planter au sommet maintenant…
Nous quittons La Paz vers 9h30 et rejoignons non sans mal l’altiplano, tant le traffic est dense, puis les contreforts de la Cordillère Royale. Autour, de nombreux sommets flirtent avec les 6000 mètres et après avoir traversé un ancien paysage minier avec chariots rouillés, villages abandonnés, école désaffectée et lac pollué à l’arsenic, nous arrivons en vue du Huayna Potosi qui, de loin, est plus qu’impressionnant. Le sommet est dégagé, enneigé et à pic sur ce versant et on aperçoit les différents glaciers qui dévalent les pentes irrégulières. A peine le temps de prendre une photo que le pic disparaît sous une épaisse couche de nuages noirs et menaçants qui n’annoncent rien de bon. A peine avons nous le temps d’arriver au refuge du camp de base que le ciel se déchaine. Pluie, grêle, orage et éclairs et enfin chute de neige pendant plus de deux heures. Heureusement ça ne dure pas et l’après midi, le temps se dégage, nous permettant d’envisager de rejoindre le glacier pour s’acclimater et s’entrainer avec crampons et piolet.
La vallée glacière du Huayna Potosi
"El Campo Baso"
Je suis le seul touriste dans le gîte. Je devais grimper avec un autre alpiniste amateur, mais visiblement mon compagnon de cordée n’est pas au top physiquement (l’arrivée à La Paz n’est pas une partie de plaisir sans acclimatation) et doit nous rejoindre au camp de base avant la montée au « campo alto », si son état s’améliore. En attendant, un guide pour moi tout seul, c’est un luxe dont je profite pleinement pendant toute la séance d’entrainement. En une petite heure, nous arrivons au pied du glacier et après s’être équipés, nous attaquons directement par la cascade de glace. Un piolet dans chaque main, j’entame l’ascension de la vingtaine de mètres qui me sépare du sommet du glacier. L’effort est intense d’autant qu’à 4900 mètres le souffle est court, mais c’est génial. La sensation est vraiment grisante de grimper à la verticale sur le glacier. Les pointes des crampons et des deux piolets mordent dans la glace et ça tient !! Après cette expérience inoubliable, nous retournons sur le glacier pour apprivoiser la technique de marche crampons au pied et prendre un peu confiance dans le matériel.
Le test passé, nous redescendons tranquillement au camp de base pour se poser autour d’un Maté de coca. Le temps s’est de nouveau bâché, il pleut et la visibilité est nulle. La météo n’est guère rassurante pour les jours qui viennent, avec pluie neige et orage qui s’accentue pour vendredi et samedi. Le sommet paraît de plus en plus difficile à atteindre. Théo me propose alors plusieurs options. La première est de tenter l’ascension le soir même, avec départ à 23h00. J’avoue ne pas être très chaud pour faire autant de dénivelé de nuit et être plus attiré par une bonne nuit de sommeil compte tenu des efforts déjà effectués dans l’après midi, d’autant que dehors il pleut encore. La seconde option est de partir demain, dès le lever du jour jusqu’au « campo alto » et une fois la haut d’aviser. Si le temps le permet, tenter l’ascension dans la journée, sinon patienter comme prévu jusqu’à minuit avant de prendre une décision. J’ai du mal à faire comprendre à Théo que l’ascension du Huayna Potosi n’est pas le projet de toute une vie et que si la météo ne me permet pas d’y grimper, je suis déjà content d’être là au pied du sommet.
Ce soir, il fait très froid, j’ai les pieds gelés et il est temps de rejoindre mon duvet. Je suis tout seul dans mon dortoir et au moment ou j’écris, je pense à Manu en doudoune dans son duvet, écrivant le blog de nos aventures au Népal. Tu m’as manqué compañero, toi et le cliquetis des touches de l’ordinateur pour me bercer avant de sombrer dans le sommeil. Je pense également fort à Fred et aux filles qui j’espère ont pu rejoindre Copacabana, car les infos parlaient de blocage de la route (« bloceos ») depuis la veille, et en Bolivie, on bloque la route avec des pierres, le barrage filtrant n’existe pas.
Vendredi 27 novembre.
Il fait jour quand je me réveille. Le soleil pénètre par les carreaux du dortoir et je me dis qu’il ne doit pas être si tôt que ça. Quand je me lève, le guide dort encore. Il est 6h00. Par la fenêtre du refuge, on voit le Huayna Potosi tout dégagé et le paysage autour est magnifique. Théo n’a pas l’air d’avoir abandonné l’idée de monter au sommet dans la journée, mais du coup il est un peu tard. Pour monter au « campo alto », il faut emmener toutes ses affaires : duvet, crampons, l’eau pour les deux jours, vêtements chauds et de rechange et mon sac pèse une tonne à cette altitude. Définitivement ce sac est génial pour le port de charges lourdes, mais bien trop lourd pour des charges légères. Nous entamons la marche par le même chemin que la veille sous un soleil de plomb et le premier arrêt est pour enlever quelques couches. La montée avec le sac à dos est bien différente de la veille. Avec le poids, je ressens bien plus les effets de l’altitude et je souffle comme un bœuf.
On arrive après 1h30 d effort à 5103 mètres d’altitude et je suis déjà un peu entamé. Je ne me vois pas enchainer, même sans le sac, les 900 mètres de dénivelé restants dans la neige et la glace. Heureusement pour moi, il est déjà tard et peu de temps après de gros nuages s’amassent sur les pentes du Huayna Potosi, laissant imaginer un scénario identique à celui d’hier. J’ai à peine le temps de discuter avec les gens qui redescendent du sommet que rapidement la visibilité devient nulle et qu’il commence à neiger. Plus d’ascension possible dans la journée et si sommet il y a, ce sera comme prévu demain matin à 6h.
Le Sommet au lever du soleil
Le lieu d'entrainement
"El Campo Alto" à une demi-heure d'intervalle
Le temps de replonger dans le duvet après le déjeuner et le ciel se déchaine de nouveau avec du tonnerre à faire trembler les lits superposés. Mais les guides ont l’air confiant sur le temps de demain matin, d’ailleurs au réveil de la sieste, le soleil brille de nouveau. Le goûter est prévu à 15h30, le repas du soir à 17h et l’estomac plein, nous allons essayer de dormir jusqu’à minuit puis se lancer dans le froid jusqu’au sommet. Ça se décide cette nuit.
Vue du "Campo Alto"
Bon en fait de dormir, on partirait bien maintenant. Cette journée est interminable longue et l’attente est difficile compte tenu du stress et de l’excitation qui monte plus l’ascension est proche. Nous faisons connaissance, parlons de nos expériences respectives en montagne et rassurons tant bien que mal ceux qui sont moins bien et découvrent le mal aigü des montagnes. Vers 20h, nous rejoignons nos duvets pour tenter de dormir quelques heures avant le départ nocturne.
Samedi 28 novembre.
Réveil minuit, je n’ai pas dormi plus de deux heures et je ne suis pas le seul. Chacun sort péniblement de son duvet et commence à vérifier ses affaires. Ce n’est pas le moment d’oublier ses crampons, son piolet ou la crème solaire pour le retour. Le premier qui met le nez dehors, avertit les autres. C’est une nuit claire, avec une lune quasi pleine, les étoiles sont partout et il n’y a pas un poil de vent pour attaquer le sommet du Huayna Potosi dont l’éclat de la neige ressort parfaitement dans cette nuit noire étoilée. Vers 1h15, nous chaussons les crampons à 100 mètres du gîte et nous ne les quitterons plus jusqu’au sommet. Plusieurs cordées sont constituées avec, à chaque fois, un guide pour deux alpinistes en herbe, sauf moi qui suis toujours seul avec Théo. L’avantage est que je ne risque pas que mon compagnon de cordée ait une défaillance et nous oblige à faire demi-tour comme c’est malheureusement arrivé à une touriste avec qui j’ai discuté le matin.
Rapidement nous prenons de l’altitude, il ne fait pas froid et pas le moindre symptôme du mal aigü des montagnes. Nous montons plusieurs heures sous les étoiles avec un dénivelé plutôt clément pour le début de l ‘ascension. Mais rapidement la première difficulté apparaît sous la forme d’une ligne de crête inclinée à 45°. La neige fraiche tombée ces derniers jours, rend la progression difficile et s’effectue grâce à la technique du « pas français » (de profil, piolet en amont et en chevauchant les pas). J’essaie de ne pas regarder le vide et de me concentrer sur mes pas et pour ça la nuit m’aide beaucoup. Ça passe, mais à 5500 mètres, ce genre d’obstacle puise dans les ressources et laisse des traces. Après cette difficulté, la pente est moins raide et nous grimpons régulièrement et de plus en plus lentement jusqu’à 5800 mètres. Je suis moins frais depuis que nous avons passé l’altitude de 5600 mètres. J’ai ralenti l’allure et la corde qui nous sépare avec Théo se tend de plus en plus souvent. A cette altitude, il y a toujours un moment ou le corps accuse le coup et ou on a l’impression d’être rattrapé par le dénivelé. Depuis la fin de la crête, on aperçoit enfin le sommet, mais ce n’est que vers 5800 mètres et alors que les lueurs de l’aube apparaissent, que nous découvrons la vraie difficulté du Huayna Potosi. Au pied du sommet, se dresse un mur de 200 mètres de dénivelé, incliné à plus de 70 degrés qui nous barre l’accès au point culminant avec en contrebas quelques rochers et une ou deux crevasses interdisant la chute. Théo s’inquiète de la quantité de neige fraiche tombée ces derniers jours. La couche est épaisse et nous allons devoir faire la trace jusqu’au sommet dans plus de 30 cm de neige. Ça grimpe, ça grimpe et ça n’en finit pas. Je ne connaissais pas bien la sensation de fixer un point, de marcher vingt pas, de relever la tête et de s’apercevoir qu’on n’a pas avancé. C’est frustrant d’autant que chaque pas vers l’avant, nous fait reculer de moitié. Je suis obligé de me fixer des objectifs à court terme, plus faciles à atteindre et qui me permettent de limiter les temps d’arrêt pour récupérer. C’est le souffle qui me manque plus que les jambes, mais dans la tête, la certitude d’arriver au sommet ne m’a pas quitté, d’autant que j’ai un drapeau à planter à l’arrivée.
Nous arrivons au sommet avec Théo vers 6h00, après 1 heure d’effort sur le dernier mur et 5 heures d’ascension au total, pour découvrir la vue magnifique de la Cordillère Royale sous le jour naissant. A l’est, on aperçoit l’extrémité du lac Titicaca sous une fine couche nuageuse, et loin au sud l’altiplano qui s’étend à perte de vue. Le spectacle est extraordinaire et devant un tel décor toute fatigue s’est envolée. Il fait un peu froid au sommet mais le vent est quasi nulle ce qui me permet de sortir les mains de mes gants afin d’accrocher mon petit drapeau à mon piolet et de le brandir fièrement à 6088 mètres d’altitude pendant que Théo immortalise la scène sur la pellicule. Mission accomplie les filles, le drapeau des communautés andines flotte au sommet du Huayna Potosi. Nous faisons vite pour les photos et les vidéos car le sommet est étroit et le reste de l’expédition arrive à son tour aux abords du sommet. Il va nous falloir laisser la place et penser à redescendre.
Le Whipala flotte à 6088 mètres
Vue sur la "cordillera real"
Les derniers mètres avant le sommet
Les autres cordées en approche
Théo bueno!!
A part le passage technique du sommet, le reste de la descente se fait tranquillement et à un bon rythme. Le soleil de ce début de matinée, se réfléchissant sur la neige, nous gratifie de contrastes magnifiques avec les parties rocheuses des contreforts du Huayna Potosi. Alternant des phases d’euphorie ou je descend presque en courant, avec des coups de barre terribles où je m’emmêle les pinceaux avec les crampons et manque de basculer vers l’avant à plusieurs reprises, nous arrivons en un peu plus d’une heure trente au « Campo Alto ». Heureusement je sens Théo derrière moi, vigilant qui m’assure plus serré et rattrape quelques uns de mes faux pas. L’arrivée au gîte est la bienvenue pour reprendre des forces et essayer d’avaler quelques aliments solides, mais compte tenu de la fatigue, pas grand chose ne passe. J’y retrouve trois de mes compagnons de cordée qui malheureusement ont dû faire demi-tour, rattrapés par les symptômes du mal aigue des montagnes qui leur a barré la route du sommet et imposé la redescente. Le temps de refaire mon énorme sac et de se préparer tranquillement à redescendre au camp de base, j’aperçois le reste du groupe qui arrive en vue du gîte, plus ou moins frais, mais tous sont allés au sommet. Malgré la fatigue et outre la joie d’avoir franchi cette barre mythique des 6000 mètres, nous sommes tous d’accord pour reconnaître une erreur flagrante d’interprétation concernant les propos du guide qui qualifie le Huayna Potosi de sommet le plus accessible de la Cordillère Royale. Nous convenons tous que l’accessibilité doit concerner la possibilité de se rendre au camp de base en voiture, contrairement à la plupart des autres sommets de cette altitude qui nécessite souvent une marche d’approche longue et fastidieuse, et non de la facilité d’accès du sommet. Le français est décidément une langue compliquée, pleine de subtilités qui mettent un peu de piquant dans ce genre de situation. Enfin, pour certains, cette expérience à fait naître des envies de haute montagne, pour d’autres elle représente le maximum qu’il est possible d’envisager. Quand à moi, je me sens prêt à renouveler l’expérience car décidemment la vue à ces altitudes est vraiment magnifique.
La redescente au camp de base se fait en mode zombie et je ne suis pas très loquace dans le bus qui me ramène à La Paz. Une seule chose compte, récupérer mes affaires à l’agence le plus rapidement possible pour réussir à attraper un « trufi » pour Copacabana et rejoindre ma petite famille comme prévu dans la soirée. N’ayant pas moyen de donner des nouvelles, j’ai peur qu’elle s’inquiète si je ne suis pas là ce soir. Le scénario est parfaitement écrit. Pas de blocage sur la route, Le lac est calme permettant la traversée de la barge, Copacabana est bien là où elle doit être et Fred et les filles sont comme prévu dans la chambre 122 de l’hôtel Sonia. Je suis sale, fatigué affamé et impatient d’entendre le récit épique d’une partie de la famille Poupel au bord du lac, pendant que de mon coté, j’exhibe fièrement la photo de mon drapeau flottant au sommet du Huayna Potosi. Quelle aventure et quel plaisir de se retrouver !!!
felicitation pour l'ascension et pour la narration cela doit etre un moment merveilleux et je t'imagine un jour en sherpa.Bravo aussi à toute la famille qui n'a pâs demerite en t'attendant.Ton vieux pere
RépondreSupprimerChapeau bas Antoine !!! les poils se dressent...Bises Virginie
RépondreSupprimer