Jurassique Bolivia!!
Nous nous installons à l’arrivée du trufi (l’équivalent des
colectivo péruviens), à l’hôtel Etelvina, un hôtel très cher, trop calme et qui
n’est absolument pas à la hauteur du prix demandé. Définitivement, nous allons
continuer les hôtels bas de gamme où l’accueil est bien plus sympa et qui
permettent d’échanger avec d’autres globes-trotter. D’autant que,
contrairement à ce que disait le Lonely Planet qui date de deux ans, et en deux
ans il s’en passe des choses en Bolivie, Torotoro n’est pas en reste sur
l’offre d’hébergement.
Le lendemain, nous partons pour le canyon de Torotoro et la
cascade de Vergel avec Asli et Louise respectivement turque et irlandaise. Sur
la route nous découvrons, grâce à David notre guide, les fameuses traces de
dinosaures, solidifiées et le mystère de leurs présences dans une vallée
bolivienne à près de 2700 mètres d’altitude. Ces empreintes, vieilles de
plusieurs millions d’années, sont en effet antérieures à la formation des
Andes, et à l’époque de ces mastodontes, l’ensemble de la région de Torotoro se
trouve au niveau de la mer. Le climat est tropical et le sol est meuble
imprimant profondément les traces de ces bipèdes ou quadrupèdes d’un autre âge.
Les changements climatiques successifs ont permis leur conservation et le
mouvement des plaques tectoniques à littéralement plissé et surélevé le sol
pour donner ce paysage accidenté relégué à plusieurs centaines de mètres
d’altitude. C’est vraiment impressionnant, surtout quand Elise allongée se
révèle à peine plus grande que l’énorme empreinte d’un brontosaure dont la
taille du pied permet d’en déduire une longueur de la tête à la queue de près
de 20 mètres. Nous circulons une bonne partie du temps dans une rivière
asséchée bordée d’acacias jusqu’au canyon de Torotoro dont le, mirador et sa
passerelle en arc de cercle, nous offre une plongée dans le vide de plusieurs
centaine de mètres avec frissons garantie et une vue superbe sur la rivière en
contre bas que survol de magnifiques perroquets multicolores en voie de
disparition qui ont choisit un perchoir bien abrupte pour avoir la paix.
Il valait mieux ne pas se retrouver sous son pied!!
"El canyon de Torotoro"
La suite du sentier se présente sous la forme d’une succession de marches abruptes qui descendent rejoindre le fond du canyon, et dans un dédale de rochers immenses dans lequel serpente la rivière, nous atteignons la cascade Vergel. Le lieu est un petit paradis au fond du canyon et dans un petit paradis, on se baigne sauf Fred pour qui l’eau est un peu fraiche et qui prétextera qu’il faut bien quelqu’un pour prendre les photos. Le retour, sous le soleil de cette fin d’après midi nous offrira des couleurs superbes sur la vallée de Torotoro et sur les montagnes environnantes.
Le fond du canyon après une descente sportive
La cascade Vergel
Sujet au vertige, s'abstenir!!
Le deuxième jour, David nous conduit sur les hauteurs du
village, à près de 3800 mètres d’altitude, pour admirer « la Ciudad de los
Itas », un magnifique amoncellement de roches que la mer et les vagues,
présent il y a plusieurs millions d’années, se sont chargées d’éroder. Le
sentier descend dans des canyons étroits où la végétation masque les entrées et
les sorties, et traverse d’étranges et sombres grottes soutenues par des
piliers dont certaines sont si grandes qu’elles sont encore le lieu de
cérémonies religieuses ou rituelles. Le paysage est magnifique et nous nous
faufilons dans ce décor, tantôt dans de courts boyaux étroits, tantôt escaladant
des échelles pour découvrir d’étranges rochers aux formes d’iguanes,
d’éléphants ou de carapaces de tatous. Nous ferons également la connaissance,
dans ce lieu magique, de Geraud et Clotilde qui revienne sur les traces d’un
voyage effectué en couple il y a 12 ans, avec cette fois dans leur bagage une
petite Gaïa âgée de 9 Ans qui pose sur ce monde un regard tout neuf et qui du
coup le leur fait découvrir à travers ses yeux, ce qui nous fait un sacré point
commun.
Chevaucher un Iguane, c'est pas tous les jours
"La ciudad del Itas", avant la descente
Un des nombreux canyon de la "ciudad del Itas"
D'étranges petits animaux bien sympathiques et très joueurs!!
La cathédrale!
Pour passer d'un canyon à l'autre, c'est pas mal d'avoir perdu un peu de poids
Le temps des deux heures de balades dans cet univers oniriques, les nuages sont devenus menaçant et le tonnerre gronde nous faisant craindre pour la suite de la journée et l’exploration de la grotte de « Humajalanta ». C’est en effet une autre des particularités du parc de Torotoro, qui dispose de quoi faire saliver tout spéléologue en quête de nouvelles explorations souterraines. Le parc compte près de 55 grottes découvertes à ce jour, dont seulement 12 ont été explorées et une seule aménagée pour la visite. La grotte de « Humajalanta » est située non loin du village et après le pique nique toujours sous la menace du tonnerre, nous enfilons nos casques, nos lampes frontales et descendons le chemin qui mène à l’immense trou noir dans lequel s’engouffre un torrent bruyant et turbulent. La pluie menace mais visiblement il n’y a pas de danger à aller explorer les deux kilomètres de galeries aménagées, et nous pénétrons avec Elise et Juliette (sans Fred qui ne goute que moyennement la spéléo), sous terre pour deux heures d’exploration souterraine. Le trajet dans la grotte est une boucle avec, à mi parcours, la présence d’une cascade souterraine. Pour l’atteindre nous traverserons plusieurs salles contenant de magnifiques concrétions minérales, comprenant nombres de stalactites et de stalagmites, dont certains se sont rejoints pour former d’immenses colonnes. A d’autres endroits les concrétions sont regroupées en fines draperies qui ornent le plafond et parent la voute de la grotte d’une fine dentelle vieille de plusieurs milliers d’années. L’aménagement de la grotte est assez sommaire et n’a que peu de point commun avec ses cousines du Périgord. Pour rejoindre la cascade il nous faut ramper, dévaler des toboggans naturels en prenant bien soin de soigner sa réception, descendre de quelques mètres en rappel à l’aide de corde fixe et escalader quelques blocs de pierre qui se dresse sur notre passage, déjà étroit. Rien qui n’effraie les filles, bien au contraire qui s’en donnent à cœur joie dans les passages « techniques » et qui ressortirons de la grotte maculées de boue de la tête au pied, trempées mais heureuses de leurs exploits souterrains, qu’elles iront raconter en détails à Fred qui pendant ce temps affrontait en surface l’orage sournois qui couvait depuis le matin.
En grandissant la Cordillère des Andes a littéralement plissé le paysage
Nous sommes désormais dans la mâchoire inférieur d'un crocodile géant
Avant d'entrée dans la grotte, qui m'a pris mon piolet??
L'entrée
Les concrétions
Un parcours particulièrement ludique, patauger dans la boue,
c'est génial!!
Toutes crades, mais qu'elle bonheur!!
Et pendant ce temps Fred passe entre les gouttes et photographie les fleurs
Le groupe au complet
Le paysage après l'orage
C'est plus petit, mais bien plus dangereux!!
Les paléontologues en herbe!!
Sans même se décrotter, nous nous retrouvons autour d’une bonne bière avec Clotilde et Geraud pour échanger sur nos aventures de la journée et pour partager nos impressions sur les joies du voyage au long cours en famille, pendant que nos filles respectives jouaient aux paléontologues en herbe sur la place du village au milieu des dinosaures.
Le parc de Torotoro a été pour toute la famille un grand coup de cœur avec des paysages extraordinaires, et l’occasion d’un voyage dans le temps à l’époque de ces géants aujourd’hui disparus et dont la roche à conservé les traces.
Même à 10000 kilomètres, nous pensons fort à toutes les innocentes victimes d’un processus de destruction orchestré par des fanatiques extrémistes dont les actes de barbarie perpétués en son nom, doivent faire regretter au prophète d’être aimé à ce point par une bande d’abrutis décérébrés. Quand est ce qu’on va leur dire que les milles vierges qui sont censées les attendre vont leur cracher à la gueule !!! Vivons à fond, aimons, voyageons, partageons et avec ça nous serons de taille à résister!!
Un message fort gravé dans la terre et vieux de plusieurs millions d'années!!