Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois

Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois
Equateur, Pérou, Bolivie et Chili en famille

jeudi 27 août 2015

16 au 19 aout : Trujillo :


A force de regarder les guides, on commence par avoir une idée un peu plus précise de l’organisation de la suite de notre périple péruvien. Ce pays est si vaste et si riche, qu’il est difficile de faire l’impasse sur une région, tant les descriptions des paysages et des lieux chargés d’histoire, donnent envie de tout découvrir. On a, de ce fait, en partie abandonné l’idée d’ajouter le Chili à notre itinéraire, pour se concentrer sur la découverte du Pérou et de la Bolivie (bien que, si toutefois il nous reste un peu de temps, l’idée d’une petite incursion rapide dans le désert d’Atacama, nous tente assez). Nous avons donc prévu de nous attarder un peu sur les hauts plateaux  du nord du Pérou, moins touristiques que le sud, mais tout aussi magnifiques avant de rejoindre Yurimagas et d’embarquer à bord d’un petit cargo pour Iquitos en remontant un des affluents de l’Amazone. Mais avant cela, nous avons poursuivi la découverte des civilisations pré-colombiennes  de la cote nord du Pérou en faisant étape quelques jours dans la ville de Trujillo. Nous avons réservé une chambre à l’hôtel Colonial ; une petite chambre familiale sympathique et sans prétention dont les cloisons en balsa nous ont permis de profiter à fond de l’activité commerçante de la rue sous notre balcon et du répertoire musical,  varié et éclectique, de notre voisin sourd comme un pot. C’est moins difficile de se lever avec le soleil…
Trujillo, fondée par Pizarro à l’époque de l’invasion espagnol, regorge de bâtiments coloniaux flamboyants qui bordent la « Plaza del armas », que domine la grande cathédrale tout aussi flamboyante et s’il y fait bon flâner afin d’admirer les façades des maisons qui s’illuminent quand frappent les rayons du soleil, c’est avant tout pour les vestiges des civilisations Mochica et Chimù que Trujillo mérite vraiment qu’on s’y attarde.










A la santé de Marceau, notre nouveau petit neveu et cousin
et à la santé de mon petit frère et de ma belle soeur, youpi!!!





Le premier jour, le hasard nous a fait respecter la chronologie des sites archéologiques en commençant par une visite de « Las Huacas  (pyramides) del Sol y de la Luna »,vestiges perdus en plein désert de la civilisation Mochica qui aurait occupé les lieux de – 400 avant JC à 600 après JC. Le site se divise en trois parties bien distinctes avec « La Huaca del Sol », à l’est,  dont nous apercevons au loin les deux derniers niveaux, le troisième étant enterré à plusieurs mètres sous terre, qui ne se visite malheureusement pas, et dont les fouilles n’ont actuellement pas encore débutées. Cette pyramide aurait été le siège du pouvoir administratif ainsi  que la demeure des notables de cette civilisation. En face, et donc à l ‘ouest, se trouve la « Huaca de la Luna » qui semble avoir été le centre religieux et le lieu de culte des Moché. La construction de cette pyramide s’est poursuivie sur plusieurs centaines d’années, avec la construction, tous les 80 ans, d’un nouveau temple sur cinq niveaux après enfouissement du précédent, qui servait ainsi de fondations au temple suivant sous la forme d’une pyramide inversée (un peu sur le modèle du mont saint Michel), le précédent remplissant alors le rôle d’un tombeau où étaient enterrés les personnalités importantes du culte. Actuellement ,on visite les cinq niveaux de la dernière construction, les autres étant encore profondément enterrés et en cours d’excavation. Outre les tombes qui y ont été découvertes et dont les céramiques et les objets de cuivre, d’or et d’argent ornent les vitrines du petit musée proche du site, les archéologues ont également mis à jour de magnifiques polychromes dont les motifs différents à chaque niveau ont permis une meilleure compréhension des us et coutumes des Moché. Enfin au centre, recouvrant plusieurs hectares de désert encore inexplorés, on commence à voir apparaître les vestiges de la ville où se mêlaient artisans, commerçants, métallurgistes sous la domination des deux grandes instances religieuses et administratives. Une visite rendue d’autant plus passionnante grâce à la patience de la petite guide péruvienne qui,  un temps, désespérée de n’avoir affaire qu’à des touristes parlant à peine l’espagnol,a bien voulu s’adapter et détacher chaque mot à la vitesse d’une tortue arthritique pour que chacun puisse ressortir du site plus au fait de la culture Moché.

La Huaca del Sol, au premier plan


La Huaca de la Luna, en cours de fouille

Le dieu de la montagne



Un guerrier Moché

Une prêtresse Moché

Le lendemain, nous avons continué notre voyage chronologique des civilisations du nord Pérou avec, à quelques kilomètres seulement, la visite de « Chan Chan »,  la plus grande cité précolombienne en adobe construite vers 1300 après JC par le peuple Chimù. Cette cité qui s’étend sur plusieurs hectares aurait compté à son apogée plus de 60 000 personnes, et se subdivise en une dizaine de faubourgs cernés chacun, d’une palissade haute de plusieurs mètres, avec pour chaque entité la même organisation intérieure : un tombeau renfermant de nombreuses céramiques aux motifs et aux formes diverses, des bijoux finement ciselés et des restes humains en quantité,  témoignant que le brave seigneur ne faisait pas le voyage pour l'au delà tout seul ; une organisation religieuse précise avec lieux de culte et demeures des prêtres ; une salle du conseil comprenant 24 alcôves dont l’acoustique parfaite permettait de se faire entendre malgré l’éloignement ; un domaine réservé aux soldats comprenant une succession de cellules spartiates et un bassin de rétention d’eau permettant une relative autonomie en cas de siège. Malgré une rapide dégradation dûe aux phénomènes climatiques et aux pillages par les "huaquéros", le site conserve toute sa magie et le dédale des couloirs d’argile invite à remonter le temps pour tenter d’imaginer l'organisation de cette cité rythmée par l’omniprésence des rites religieux. Un site extraordinaire qui aurait mérité un musée digne de son extraordinaire étendue au lieu de cette paire de pièces poussiéreuses et sans vie qu’on est cordialement invité à visiter en sortant du site.

 Les hautes murailles d'un des faubourgs Chimù

 L'entrée gardée par des soldats à l'ombre



La salle du conseil


Demain, nous reprenons le bus pour commencer l’exploration des hauts plateaux du nord et rejoindre la petite ville de Chachapoyas avec une petite appréhension pour les quinze heures de bus de nuit sur les routes de montagnes qui nous attendent. Mais bon ! Il parait que la route est en partie goudronnée alors …

vendredi 21 août 2015

du 12 aout au 16 aout : Chiclayo

Ca y est! Cette fois ça sent le changement. Nous quittons notre petit chalet bio pour  traverser la frontière nord du Pérou et continuer notre périple andin sur les ailes du condor (qui tient toujours la forme et continue de nous porter sans faiblir). Nous avons décidé d'expérimenter pour la première fois les bus de nuit pour cette longue étape de huit heures qui doit nous mener à Piura dans un premier temps puis à Chiclayo.
On nous a tellement dit que les chauffeurs de Bus poussait la climatisation à fond et qu'il faisait un froid polaire dans les bus que pour le voyage on a sorti les duvets et les doudounes dont on ne s'est pas servi autrement que comme oreiller, le nord du Pérou étant une région chaude, sèche et désertique (pour le coup on était plutôt content qu'il la pousse un peu la clim).
Le passage de la frontière était surréaliste. nous nous sommes arrêtés une première fois vers 2h00 du matin, devant une barrière kaki où quelques militaires désoeuvrés rentraient méticuleusement les numéros de passeport des passagers  au crayon sur un grand cahier, à la lumière d'un petit néon. Pas de tampon sur les passeports, pas de "Bienvenido en Peru," ça paraissait bizarre comme frontière, mais bon, on s'est dit que les douaniers étaient plutôt détendus dans la région et le temps de se réinstaller confortablement dans le bus, on s'est tous plus ou moins rendormi pour finalement être de nouveau réveillé une heure plus tard, et se trouver cette fois devant la vraie frontière avec tout les douaniers en costumes, les "Adios Equador," les "bonjour Pérou "et la magique traversée du pont du rio Tigre à pied, tous les quatre ,main dans la main, dans un demi sommeil et de nuit pour rejoindre le poste frontière péruvien sur l'autre rive et obtenir le précieux tampon nous ouvrant les portes du Pérou pour trois mois. Pas facile de se rendormir après tout ça d'autant que la descente de la cordillière pour rejoindre la côte était assez sportive.
Le réveil aussi est surréaliste. Nous avons quitté Vilcabamba, village paisible au milieu des montagnes pour nous réveiller dans les faubourgs de Piura dans une ambiance quasi désertique, un voile de chaleur masquant l'horizon, et apercevoir une flopée de villages émergents du désert aux maisons de briques d'argile, partiellement terminées et recouvertes de sable. Autour, ça s'agite, ça grouille de monde, le concert des klaxonnes est assourdissant et les taxis se disputent la route avec des mototaxi Batman, le Che ou Pokahontas. Bien à l'abri dans le bus et à peine réveillés, nous assistons à ce spectacle avec un poil d'anxiété espérant trouver un café bien fort à la descente du bus pour affronter le changement de gare routière et rejoindre Chiclayo à trois heures de désert de Piura. Nous rejoindrons finalement l'hôtel Victoria vers 14h00 et délestés de nos sacs à dos nous repartons immédiatement pour une visite du marché légèrement à l'écart du centre ville où se concentrent, dans un dédale de ruelles étroites, tous les corps de métiers répartis par spécialité. Des dizaines de cordonniers frappant les semelles de cuir sur de petites enclumes, des couturiers dont le concert des machines est assourdissant, des boulevards de batterie de cuisine, des avenues de poissons séchés, des ruelles de libraires et de papeteries et de petites impasses de sorciers ventant les vertus de potions et de plantes aromatiques pour la dysenterie ou le cor au pied. Le soir nous testons pour la première fois la gastronomie péruvienne au restaurant El romana qui sera notre cantine pendant les trois jours que nous allons passer à Chiclayo; Ceviche mixto (poisson cru, crabe, poulpe et conchas negras le tout mariné dans du jus de citron et accompagné de yuca (mannioc)), pato con arroz verde (canard au riz vert), tortillas à la raya manta (omellette à l'aile de raie manta)... c'est délicieux et ça change des patates, des oeufs et du riz.


Le temple du commerce



La ville de Chiclayo, ne présente pas en soi d'intérêt majeur, mais la région qui l'entoure a été le siège ces dernières années d'importantes fouilles archéologiques qui ont permis de mettre à jour les vestiges de la civilisation Sican, un peuple antérieur aux Incas ayant vécu sur cette côte nord du Pérou entre les années 750 à 1300 et dont les pyramides en adobe (briques d'argile concassée et séchée) sont encore visibles dans le Sanctiario historico Bosque de Pomac et dans la région de Tucume, malgré leurs importantes et rapides dégradations du fait des huaqueros (pilleurs de tombes) et des innondations récurrentes dues au fameux phénomène météorologique El niño. Le musée de Ferrenafe met en valeur tous les objets qui ont été récupérés au cours de ces fouilles minutieuses et c'est un vrai régal pour les yeux : des céramiques finement travaillées aux formes animales, végétales ou divines, des bijoux d'or ,d'argent ou de cuivre dont les détails et la précision des motifs témoignent du talent des métallurgistes de l époque, le tout dans un état de conservation exceptionnel.

A cheval sur un arbre millénaire


Les pyramides du Bosque de Pomma

Les pyramides  de Tucume




Poursuivant notre découverte de la civilisation Sican,  le lendemain,  nous nous sommes rendus au  magnifique "Muséo Reales Tumbas de Sipan", qui expose dans l'ordre de leurs découverte les merveilles mises à jour au cours des fouilles de plusieurs pyramides de la région de Lambayeque avec notamment la découverte de la fameuse tombe du seigneur de Sipan. Ce musée, présenté comme le plus beau du Pérou, est encore plus magnifique que celui de la veille. Les céramiques semblent tout juste sorties du four, les bijoux et parures, d'une incroyable diversité, reflètent divinement le faste des cérémonies de l'époque.La dernière salle qui met en scène l'enterrement du seigneur de Sipan et le travail des archéologues, nous donne envie d'aller gratter la terre à leurs cotés pour mettre à jour des trésors d'un autre temps . Et des trésors, il y en a, les fouilles n'ayant débuté qu'à la fin des années 1990, il reste encore des dizaines de tombes toujours  inexplorées.

Les rues de Lambayeque

Pour clore la journée, nous sommes allés prendre notre premier bain dans l'Océan Pacifique ,dans la petite ville de Pimentel qui,à par le fait d'être bordée par l'Océan, ne mérite pas qu'on s'y attarde plus que pour jouer en famille dans les vagues en essayant de ne pas se faire emporter par un courant sournois et pour tenter de traverser sa magnifique passerelle en bois en gardant ses savates (nous, on  a perdu deux paires!!).

 Les barques en roseaux qui sèchent au soleil
 La plage de Pimentel
Selfie familial

 Pimentel au coucher du soleil

 La fameuse passerelle dévoreuse de savates






samedi 15 août 2015

06 au 12 aout : Vilcabamba


Vilcabamba, une petite ville paisible de l'extrême sud de l'Equateur au milieu des montagnes, qui nous était vendu par le Lonely Planet comme le lieu préféré de villégiature de riches américains bio et végétariens pour la plupart, en quête du secret de longévité des locaux du village (un grand nombre d'habitants auraient dépassé la centaine, à une certaine époque ce qui lui a valu le nom de vallée des centenaires) . Le lieu est d'ailleurs assez insolite. On y parle plus anglais qu'espagnol, la poste est tenu par une vieille rombière qui ne sait pas dire timbre en espagnol et qui ne sait pas compter non plus(ça permet d'incroyables économies sur les timbres!!), et la plaza principale est le lieu où se concentre toute l'activité de la ville et où se côtoient : les pensionnaires de la maison de retraite nord américaine, les "vilcabambais" de souche venus déguster une petite glace rituelle sur le coup de 16h sur les bancs faces a l'église (en Equateur entre 16 et 17 heures, le temps s'arrête et les glaces italiennes fleurissent dans les cornets), et d'authentiques saltimbanques jonglant ou vendant leurs savoir faire à même le sol au bord de la place, pour tenter d'amasser de quoi poursuivre des périples souvent débuter depuis plusieurs mois voir plusieurs années.
Si l'ambiance au premier abord diffère de nos précédentes étapes, on est rapidement séduit par le charme de cette vallée ensoleillée (ça nous change un peu), cernée par les montagnes du parc national Podocarpus ,  où le temps, qui semble s'écouler aussi paisiblement que la rivière qui traverse le village, invite à poser les sacs à dos.
Plutôt que de les poser en ville, nous avons choisi de faire confiance à la description que faisait le Lonely Planet concernant la possibilité de louer des petites cabanes dans un parc national au Rumi Wilco Ecolodge, pour la modique somme de 36 euros la nuitée (ce qui à part la nuit en dortoir à Baños était ce qu'on avait trouvé de moins cher en Equateur depuis l'arrivée). La surprise a été de taille tant l'hébergement dépassait  tout ce qu'on avait pu imaginer. En lieu et place de la dite cabane, on est logé dans un chalet sur pilotis au coeur d'un sympathique petit bois, au bord d'un paisible torrent de montagne sur les rives duquel les bambous et les roseaux s'inclinent en une majestueuse révérence et dont le bruit continu de l'eau dévalant notre petit domaine sera, ainsi que le chant de quelques oiseaux rares noctambules, une bien douce berceuse pour les six nuits que nous aurons finalement passé dans ce petit paradis boisé. Quand aux journées, elles sont partagées entre la baignade journalière dans les eaux tumultueuses du torrent, la confection de rapides esquifs dans notre chantier naval écolo dont l'aérodynamisme et la flottabilité sont immédiatement testées, les feus de camps au son de la guitarlélé (que j'ai enfin réussi à sortir de son étui) en regardant griller quelques cuisses de poulet et en chantant "Il en faut peu pour être heureux" (ce qui semblait particulièrement à propos), la rencontre autour d'une salade de fruits mémorables, d'Anne Sophie et Julien au début de leur long périple également, qui en plus de compatir sincèrement à mon problème d'appareil photo, nous ont fait profiter de quelques bons plans, comme le téléchargement de Maps.me sur l'I phone, grâce auquel nous avons maintenant des cartes détaillées pour la suite de notre aventure, et quelques randonnées à la journée pour aller rejoindre une petite cascade perchée sur les flancs du parc national  Podocarpus, ou pour rejoindre la croix dominant la ville afin d'y admirer la vue magnifique sur la vallée de Vilcabamba, ville dont le bref séjour, s'il ne suffit pas à nous faire devenir centenaire nous aura tout de même laissé de bien jolis souvenirs. Une belle façon de profiter encore un peu de l'Equateur avant de passer  la frontière et de plonger au coeur du Pérou voisin.

Le chalet sur pilotis

 Elle est pas belle la vie?


La ducha


 Notre chantier naval