Après 15 heures de bus à remonte la sierra de la Cordillère de nuit, nous somme arrivés enfin au pays du peuple des nuages (ça
fait très dessin animé, mais c’est leur vrai nom) : les Chachapoyas.
Cette petite ville du même nom, perchée au cœur des montagnes regorge de sites
archéologiques pour la plupart inexplorés et recouverts de végétation
n’attendant que des archéologues motivés où des touristes aventureux, que nous
sommes, pour être visités.
Dans un premier temps, nous avons rejoint notre
super hôtel « La Villa de Paris », un gros craquage en règle, pour
récupérer de nos 15 heures de bus. Puis, comme souvent, nous sommes partis en
ville faire le tour des agences touristiques qui proposent toutes sortes de
tours tout compris, histoire d’avoir une idée des prix et de vérifier la
possibilité de faire les choses en solo en se passant de leurs services. On est
toujours mieux à quatre en famille qu’au sein d’un groupe polyglotte de vingt
touristes ; même si parfois, c’est aussi un moyen de faire de chouettes
rencontres. La plupart des agences proposent des visites à la journée, bien
ficelées, garantissant dépaysement total, grands frissons, bonne pitance et
sécurité maximale. Mais la seule à proposer une offre différente était l’agence
de Roger (imaginez le prononcé à l’espagnol), qui proposait l’ensemble des
trésors de Chachapoyas sous la forme d’un trek de quatre jours, le trek de la
« Grande villaya », intégrant la « Caverna de Quiocta »,
« Los sarcophagos de Karajia », la sublime « Valle de
Belem », les ruines de Pirquilla » perdues en pleine forêt dense et
hostile et le magnifique site archéologique de Kuelap, une magnifique citadelle
Chachapoyas perchée à 3000 mètres d’altitude et remarquablement préservée des
ravages du temps. Roger, en organisateur perspicace a prononcé la formule
magique pour emporter immédiatement l’adhésion des filles en évoquant la
possibilité de louer des mules le troisième jour, pour les 9 heures de marche
et les 1600 mètres de dénivelé. Les filles ont été conquises, et nous également
à l’idée de découvrir à pied l’ensemble de ses sites magnifiques et également
de ne pas être obligé de cheminer sur le dos d’un quelconque animal à quatre
pattes. Nous avons programmé le départ deux jours plus tard, le temps pour se mettre
un peu en jambes en allant admirer la Cascade de Gogta, une des cinq plus grandes cascades du monde dont l’eau chute de plus de 750 mètres avant de finir en
farine dans un petit lac au pied de cette grande dépression.
Le chemin pour s’y rendre serpentait à flanc de montagne alternant
les champs de café, bananes et manioc avec des passages de forêt tropicale dont
le feuillage dense laissait à peine filtrer les rayons du soleil. Ce sentier
nous a finalement conduit dans un petit cirque minéral au pied de cette immense
cascade pour un pique nique humide, mais tranquille d’autant que les fameux
groupes de touristes cités plus haut ne s’étaient arrêtés sur le site que
quelques minutes le temps d’une photo.Le soir en rentrant nous avons préparé les sacs pour le trek du
lendemain, en prenant soin de s’alléger au maximum car les mules porteront les
filles mais pas le sac à dos. L’hôtel, où nous avons réservé notre chambre pour
le retour, nous gardera le reste des affaires pendant la durée de la randonnée.
"La grande catarcata de Gogta"
Le lendemain, lever 6h00 pour un départ vers la grotte de Quiocta.
La route pour s’y rendre est superbe bien que légèrement vertigineuse et les
lacets serrés nous font prendre rapidement de l’altitude permettant une vue
magnifique sur l’ensemble de la vallée du «rio Utcubamba». A
l’arrivée, nous sommes refoulés par une grosse grille et un énorme cadenas qui
barre l’entrée de la caverne, le gardien qui ne quitte jamais son poste
d’habitude étant, eu égard à son âge avancé, malade et hospitalisé. Nous
assistons au spectacle comique de Roger essayant de défoncer le cadenas en
acier trempé avec une pierre puis avec le démonte pneu du 4x4 sans nous avoir
donné une seconde, l’illusion de pouvoir franchir cette damnée grille. Finalement,la chance nous sourit est nous voyons débarquer un minibus rempli de touristes
dont le chauffeur a, pendue à son cou, la fameuse clé qui nous ouvrira les
portes des mystères de cette fameuse grotte. Dès l’entrée, nous comprenons
immédiatement l’utilité des bottes que nous avons louées avant d’arrivée, le
sol étant recouvert d’une épaisse couche de boue et de fiente de chauves souris
qui sont d’ailleurs en nombre dans les infractuosités du plafond de la caverne.
La grotte fait environ 500 mètres et l’avancée se fait dans d’impressionnants
bruits de succion avec la crainte d’y laisser une botte à chaque pas, pour
arriver dans quatre salles aux plafonds circulaires qui sous les faisceaux des
lampes révèlent de spectaculaires concrétions calcaires émergeant du sol ou du
plafond en colonnes serrées ou en fines draperies. Le retour se fait encore plus
prudemment car un moment de relâchement est toujours possible et le bain de
boue n’est pas au programme. Nous reprenons la route pour le village de
Karajia pour aller voir les sépultures d’anciens guerriers ou notables
Chachapoyas, perchées à flanc de falaise dont les yeux sculptés sur les
sarcophages de bois et d’argile surveillent la vallée en
contre-bas et protègent les restes momifiés des personnalités. Malheureusement, pas suffisamment car, de très nombreux initialement il n’en reste actuellement
que six ayant résisté aux éboulements, tremblements de terre et aux autres
huaqueros à la recherche de vestiges dorés.
"Los sarcophagos de Kajaria"
La visite est rapide car le soleil
est déjà bien bas et il nous reste de la route pour rejoindre la vallée de Belem et la cabańa qui doit nous servir de refuge pour la première nuit. Nous
arrivons peu de temps après le couché du soleil, juste à temps pour voir le ciel s’embraser sur la vallée et apercevoir le rio Belem qui
serpente paisiblement au fond de la vallée. Le spectacle est extraordinaire,
d’un calme incroyable et nous volons une petite ballade en amoureux pour
prendre quelques photos, le temps que Roger nous prépare un délicieux repas au
feu de bois. La cabane est spartiate avec trois lits défoncés et quelques
carreaux manquants qui nous promettent une nuit glaciale mais tranquille. Le
lever de lune est superbe et la chaleur du feu nous enveloppe d’une douce
léthargie qui nous invite progressivement à rejoindre nos lits. La nuit fut
comme prévu tranquille et glaciale malgré le drap de soie bien positionné
permettant de limiter le froid et surtout le courant d’air gelé qui s’engouffre par
les failles de la fenêtre pour bien nous rappeler qu’on dort à 2500 mètres
d’altitude.
La splendide vallée de Belem
Ce matin, le réveil meugle et je ne trouve pas le bouton pour
l’éteindre. Nous sortons péniblement de nos duvets pour essayer
d’aller chercher un peu de chaleur à l’extérieur et en espérant un bon café
chaud, et nous sommes accueillis par un troupeau de jeunes taureaux qui cernent
la cabane et nous saluent en espagnol ! C’était ça le réveil. Dehors le
spectacle est encore plus magnifique que la veille et les rayons du soleil
matinal illuminent la vallée et nous révèlent l’isolement et la beauté du
spectacle qui nous attend au cours de la journée.
Nous sommes partis
aujourd’hui pour 6 à 7 heures de randonnée avec au programme la visite des
ruines de Pirquilla. Le sentier débute le long des lacets du rio
Belem, qu’il faut parfois traverser ce qui donne l’occasion au plus courageux
d’entre nous (je ne donnerai aucun nom!) de tester la température des rivières
d’altitude au Pérou. Après ce bain glacial mais bien agréable le sentier monte
progressivement en suivant une ancienne voie Chachapoyas jusqu’aux premiers
vestiges de cette civilisation qui avait l’habitude de construire ses villages
perchés en pleine montagne pour se protéger de visiteurs inopportuns et surtout
pour pouvoir communiquer facilement avec ses voisins par signaux de fumée ou
grâce à la « concha », (sorte d’énorme conque dont le son s’entend à
plusieurs kilomètres). Nous quittons le chemin pour nous enfoncer un peu dans
la foret tropicale dense et hostile, en suivant de près Roger qui ouvre le
chemin à la machette ,pour découvrir les fondations circulaires des maisons
Chachapoyas construites à flanc de montagne. Les films à la Go pro en singeant
Indiana Jones nous ont bien fait rigoler et on a, à priori de quoi démarrer une
rubrique bêtisier.
Les ruines de Pirquilla
C'est pas une forêt dense et hostile ça??
Après une bonne heure et demi de marche dans cette jungle en
laissant derrière nous un joli petit chemin bien dégagé, nous rejoignons « l’autoroute »
Chachapoyas jusqu’au village de Congon, notre deuxième étape.
L'arrivée au village de Congon avec le café qui sèche en terrasse
Le dimanche à
Congon, les hommes jouent au foot et les femmes au volley. Prétextant le besoin
d’une douche qui ne peut attendre, Elise et Fred s’esquivent et moi je me
retrouve à faire un foot avec le souffle court et les jambes en feu filmé par
Juliette qui bien qu’il s’agisse d’une bien piètre prestation footballistique,
m’offre un soutien sans faille.
Le lendemain,nous devons gagner le col de Yula à 3345 mètres
puis redescendre sur le village de Chogtamal. Roger nous annonce le programme
des réjouissances : 9 heures de marche au mieux et 1600 mètres de dénivelé
positif. Pour les filles, le programme était connu et les deux mules sont déjà
prêtes lorsque nous émergeons des draps à7h00 du matin.
Elles sont pas fières ces cavalières??
La bonne surprise pour nous vient de Lorenzo, le sympathique muletier
qui accepte que ses mules portent nos sacs à dos en plus de nos deux filles. De
là à monter dessus, je ne dis pas mais je commence à bien aimer ces mules. La
mauvaise, c’est qu’après 3 heures d’ascension dans un décor magnifique
montagneux et boisé, le propriétaire du gite, qui devait s’occuper du repas de
midi, est parti sans prévenir et après une bonne demi heure d’appel infructueux
dans la montagne on repart le ventre vide pour le reste de l’ascension. C’est d’ailleurs la dernière fois que nous
verrons Elise et Juliette avant le col,
ne pouvant tenir le rythme des mules.
On s'accroche, ça descend sec!!
Vers 15h00 nous franchissons les derniers
lacets qui mènent au col de Yula, où la vue est sublime et où un stock de
sucettes à la pastèque retrouvé au fond du sac nous sauve de l’hypoglycémie.
Au revoir les mules et merci pour la ballade.
Lorenzo repart en sens inverse avec les mules, et nous entamons une descente
vers Chogtamal en courant ne pouvant plus résister à l’appel de la
« trucha frita con papas » (truite frit avec des frites). La nuit va être bonne d’autant que demain pas
d’effort, un combi venant nous prendre à l’hôtel pour aller visiter le site de
Kuelap et puis demain nous mangerons notre premier Cuy (prononcé couille), petit
cochon d’inde grillé. Eu égard à la dernière fois où on a voulu me refiler un
quart de cuy, pour finalement me retrouver avec une cote de porc dans
l’assiette, cette fois, nous avons pris un cuy entier.
Quatrième et dernier jour :
La description du guide était accrocheuse concernant le site
de Kuelap : « à part peut-être le Machu Pichu, un des plus beau site
archéologique du Pérou et la plus grande cité pré-colombienne en pierre
d’Amérique du sud ». La route pour s’y rendre est magnifique ; une
piste sinueuse et vertigineuse, nous hissant au fil des lacets à plus de
3000 mètres au pied de la forteresse sans toutefois nous la dévoiler. Quelques
minutes d’ascension d’un petit sentier et nous découvrons l’extraordinaire
spectacle de cette citadelle bâtie au sommet d’un éperon rocheux dominant les
vallées alentours, qui rappelle étrangement
le château de Peyrepertus en pays Cathare. Le point de vue est sublime, le site défensif on ne peut mieux
choisi, mais malheureusement sans accès à l’eau et sans citerne à l’intérieur,
ce qui d’après l’histoire aurait été fatal aux Chachapoyas dans leur résistance
contre les Incas venus les soumettre. En effet,ce site a d’extraordinaire
d’avoir su résister aux ravages du temps, mais également d’avoir été occupé par
deux civilisations radicalement opposées. Le site s’étend sur plusieurs
centaines de mètres de long, cerné de hautes murailles en pierres taillées et
présente en son sein, les vestiges des demeures et temples Chachapoyas de formes circulaires pour une meilleure
résistance au séisme, et les demeures et temples rectangulaires incas aux
larges ouvertures dont les pierres s’imbriquent au millimètre sans qu’il soit
nécessaire d’y ajouter aucun mortier. Ce lieu chargé d’histoire est vraiment un
site unique en son genre et nous avons la chance de le visiter alors qu’il est
encore peu connu, relativement difficile d’accès (un téléphérique viendra en 2016 changer la
donne) et sous un soleil radieux. Emprunt de la magie du lieu et avec des
photos superbes dans notre courageux petit coolpix, nous redescendons vers la
vallée pour clore ces cinq jours d’exploration des trésors de la région de
Chachapoyas qui nous auront laissé un souvenir impérissable, contrairement au
cuy qui était petit avec que la peau sur les os et qui est loin d’avoir comblé
nos féroces appétits. La prochaine fois, je demande un cuy plus gros, voir deux
cuy… deux c’est mieux !
La forteresse de Kuelap face nord
Face ouest
La plate forme militaire du 3ème niveau
Le soir,nous retrouvons à l’hôtel nos affaires et après avoir
soigneusement refait les sacs nous sommes prêt à nous enfoncer dans la foret amazonienne en remontant à dos de Lancha (sorte de gros cargo),
un des affluents de l’Amazone… A suivre !!
j'ai bien aimé la photo des deux soeurs jumelles habillées de rouge et de jean.sinon je pense qu'à votre retour vous apprécierez le confort d'une bonne salle de bain bisous grandpère
RépondreSupprimerici en direct de chez nous les commentaires de mémée^(je vous souhaite à tous beaucoup de plaisir j'admire vos photos et vous fait de gros bisous à tous et bon courage pour la suite
RépondreSupprimerCoucou Juliette ! C'est Manasoa. Ça va la famille ???
RépondreSupprimerSalut Juliette. C'est Youna comment vas-tu ?
RépondreSupprimerSalut Juliette ! C'est Anabelle. Ça va là bas ?
RépondreSupprimerSalut Juliette,c'est Rowan,c'est cool là-bas?
RépondreSupprimerCoucou Juliette, c'est moi Elodie.
RépondreSupprimerCoucou Juliette c'est Hugo !
RépondreSupprimerBonjour Juliette,c'est Stécy, est-ce que ça va ?
RépondreSupprimerSalut Juliette c'est Mathieu ça va la ba !
RépondreSupprimerSalut Juliette c'est Antoine ça va la ba.
RépondreSupprimerSalut Juliette, c'est Lucas,ça ce passe bien là-bas.
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