Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois

Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois
Equateur, Pérou, Bolivie et Chili en famille

lundi 7 septembre 2015

27 août au 1er sept : Direction Iquitos

En route pour le cœur de la forêt amazonienne. Nous faisons une pause rapide à Tarapoto pour laver un peu de linge et se poser un peu. Comme on ne peut pas gagner tous les jours, on s’est vite aperçu que ce n’était pas l’endroit idéal pour la détente. La température est caniculaire, et nos petites  chambres au rez-de-chaussée de l’hôtel «Viajero Wassi », ne nous donnaient que deux  alternatives possible : transpirer à grosse goutte fenêtre fermée mais en limitant le risque de surdité ou baigner dans les vapeurs d’essence et le concert assourdissant des moto-taxi défilant à intervalles réguliers toutes les 30 secondes selon la couleur du feu. C’est infernal et ça laisse peu de temps pour dormir. Hors de question d’y rester plus, que le temps de récupérer notre linge et de trouver un transport pour Yourimagas, le port d’embarquement des cargos pour Iquitos. L’arrivée est mouvementée sous un déluge qui rend toute visibilité impossible. Les rues de Yourimagas sont transformées en torrents qui font la joie des marmailles qui se baignent dans les caniveaux. Rejoindre le port dans ces conditions est une gageure et le chauffeur préfère nous laisser à l’agence pour attendre une accalmie.
Enfin,en début d’après midi, il devient possible de héler deux motos taxi, pour rejoindre le port et l’embarcadère de ces barges flottantes qui sont en fait d’énormes péniches à étages, qui descendent le fleuve chargées jusqu’à la gueule pour ravitailler Iquitos ainsi que l’ensemble des petits pueblos sur le chemin, dont le fleuve est l’unique voie d’échange commercial.  La pluie continue de tomber, même si le débit est moindre, les camions alignés sont fermés et l’activité du port est au point mort. Seul le capitaine est sur le pied de guerre et accueille les passagers pour les répartir sur les deux niveaux de la barge : le premier prés de la salle des machines, sans ouverture ou très peu, et au contact des caisses de poissons en bois qui laissent filtrer une odeur puissante et tenace,le second, plus aéré et plus agréable  où le hamac est indispensable pour la traversée, et enfin, juste à coté viennent les placards à balais qui nous serviront de cabines pendant la traversée. Nous n’avons pas osé les 3 nuits en hamacs avec les filles et les sacs à dos et l’avenir nous a donné raison. En fait de 3 jours, c’est 6 jours et 5 nuits que nous allons passer sur le bateau, dont deux à attendre au port que l’Edouardo VIII, veuille bien se décider à partir avec comme seule occupation d’assister passivement au chargement de centaines de sacs d’oignons d’une centaine de kilo et de milliers de sacs de riz tout aussi lourds et de toutes sortes d’autres choses variées et improbables chargées sur le dos et la tête des dockers de Yourimagas . Actuellement le niveau du fleuve est au plus bas rendant le chargement  et la navigation particulièrement compliqués. Les quelques marches taillées à la pelle dans ce devers de boue et recouvert de sciure n’enlève rien au mérite des dockers lourdement lestés, d’arriver à garder le pied sûr et de ne pas répandre leur précieux chargement dans la boue ou dans le fleuve.


Le port de Yurimagas sous la pluie

Tant que les camions sont pleins, on reste!!


L'Edouardo fait aussi poissonnerie

Les hamacs de la seconde passerelle

Enfin,nous sommes réveillés vers 5h00 le samedi 1er août, par une sirène puissante qui salue le personnel resté au port et nous signale que le départ est enfin d’actualité. Que ce fut long cette attente dans la chaleur et la moiteur du port au milieu des déchets de la ville charriés par le fleuve et c’est bien agréable de sentir de nouveau le vent sur nos visages et l’air un peu plus frais du fleuve. En se rendormant, nous comprenons rapidement que les nuits risquent d être compliquées. La barre du navire grince de façon sinistre à la moindre courbe du rio et nous percevons en détails les moindres déplacements du personnel naviguant au dessus de nos têtes. Vers 12h00, nous sommes de nouveau amarrés à un tronc sur la rive et, après avoir un peu pataugé en espagnol, nous comprenons qu’à cet endroit le fleuve fait moins de 7 mètres de profondeur et le risque d’accrocher le fond est non négligeable. Il nous faut attendre l’Edouardo X,  un autre bâtiment de la flotte plus léger et avec un tirant d’eau plus faible, pour qu’il puisse nous tracter en cas d ‘échouage. Notre patience s’envole progressivement et une petite déprime s’installe au sein de la famille avec les filles se battant avec la tourista, des chiottes d’anthologie dont la description est impossible sans une projection en odorama et des douches immondes à souhait, ouvertes  sur l’extérieur, rendant toute intimité illusoire et nous faisant bénir les capacités d’anticipation de Fred et son paquet de lingettes magiques. Finalement, le moral revient avec l’arrivée de l’Edouardo X, qui nous dépasse et nous ouvre la voie et rien de pourra plus entraver notre descente fluviale vers Iquitos et la forêt amazonienne.
Le fleuve décrit de larges courbes et s’élargit progressivement rejoint par d’autres petits rio qui viennent l’alimenter. Les rives, que nous apercevons par intermittence alors que le bateau louvoie selon un itinéraire précis, alternent les zones boisés repères de dizaines d’espèces d’oiseaux bigarrés dont les chants sonores et variés arrivent à nous faire oublier parfois les turbines du cargo, et les zones cultivées véritables petits ilots gagnés sur la forêt, ou vivent quelques familles dans des cases de bois sur pilotis, laissant à penser que l’Amazone n’est pas toujours ce calme cours d’eau à peine ridé par le souffle du vent.

Le fleuve Maranon



Un Edouardo light



Pour nous, sur le bateau, la vie s’organise au fil du courant, entre l’observation du fleuve et ses splendides couchés de soleil  embrasant le ciel, de longues séances de jonglage pendant lesquelles Juliette nous montre toute l’étendue de son talent aux Bolas et qui donnent lieux à d’uniques et inoubliables moments de partage entre saltimbanques itinérants, un peu de chant au son de la guitalélé autour d’une bière ou d’un coca, un peu de devoirs, le remplissage des carnets de voyage, l’écriture des messages sur le blog et de longs moments d’observation à regarder paisiblement le temps qui passe…quel luxe !! Les escales sont nombreuses et chaque fois, de jour comme de nuit,  le même balai bien rodé des dockers qui chargent et déchargent le navire apportant l’indispensable pour les habitants de ces villages isolés dont les routes s’arrêtent sitôt les dernières maisons atteintes. Le fleuve est toute leur vie, et l’arrivée du bateau s’accompagne d’une activité frénétique sur le port, qui ne dure que le temps de l’escale, et qui voit des dizaines de familles arriver en pirogues ou en moto-taxi, charger les quelques sacs de riz, de maïs ou toutes autres choses utiles à la vie quotidienne jusqu’au passage du prochain bateau. C’est un spectacle typique de la vie amazonienne qui nous a définitivement réconcilié avec la descente du fleuve et à relégué bien loin  les petits désagréments du quotidien sur le bateau.


mais le matou revient...












L'effervescence aux escales





Nous arrivons finalement à Iquitos le 1er septembre et après une courte escale prés du port pour vérification de la cargaison, nous finissons par débarquer et rejoignons l’Hôtel Solimoes, qui nous a été chaudement recommandé par un habitant d’Iquitos, pour y poser nos sacs à dos,  fatigués mais sans aucun regret d’avoir effectuer cette extraordinaire descente au fil de l’eau.

 Enfin le port d'Iquitos!


3 commentaires:

  1. Wouaou.... quelle aventure. Bravo pour ces belles leçons de vie et patience!!! bises

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  2. Je lis régulièrement vos récits que je trouve géniaux. Quelle belle aventure vous vivez, et quel enrichissement pour les filles, c'est plus important que 4 mois d'école! Bravo pour vos commentaires et photos, il faudra en faire un livre, c'est vraiment bien écrit. Vivement que vous alliez en Bolivie que je revive ce pays qui m'a laissé beaucoup de souvenirs. Bon vent à vous 4 Je vous embrasse.
    Sabine

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  3. Bonjour Juliette, c'est Emily.Tu adores ce voyage avec tes parents ? J’espère que tu t’amuses bien là bas.
    A bientôt Juliette.

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