Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois

Equateur, Pérou, Bolivie et chili sur les ailes du condor pendant 5 mois
Equateur, Pérou, Bolivie et Chili en famille

samedi 26 septembre 2015

du 10 au 15 septembre : Huaraz et la Cordillère Blanche

Non, nous ne referons pas le trajet par la voie fluviale pour retrouver les routes goudronnées du Pérou et poursuivre notre voyage, d’autant qu’à contre courant, le trajet est plus long. C’est par la voie des airs que nous avons rejoint Lima pour une courte pause (le magasin d’objectifs photo était fermé….heureusement il y a Coolpix, Coolpix !!), avant de rejoindre Huaraz et la plus haute chaine de montagne tropicale de la planète. Le trajet en bus pour rejoindre cette jolie petite ville perchée à 3100 mètres d’altitude à été magnifique, certes, mais sportif. Plus de huit heures de virages sinueux, en bus deux étages à remonter le Rio Santa qui sépare la Cordillera Blanca et ses hauts sommets enneigés et la Cordillera Negra, plus sèche, qui concentre une grande partie des terres cultivables. Ce fut l’occasion d’approfondir les connaissances d’Elise et Juliette sur les  phénomènes météorologiques au Pérou avec notamment les régions au vent et les régions sous le vent. Cette spécificité climatique, particulièrement flagrante dans cette région, avec les sommets de la Cordillère Blanche culminant, pour la plupart à plus de 5000 mètres d’altitude, a permis de mieux leur faire comprendre la physionomie des territoires traversés depuis deux mois avec notamment la forêt amazonienne chaude et humide à l’est et les régions sèches et désertiques de la côte ouest. Un petit cours de géographie gracieusement offert par dame nature.

Nous sommes arrivés de nuit sur Huaraz, légèrement nauséeux et plutôt sujet au mal aigu de la route qu’au mal aigu des montagnes. Néanmoins notre long séjour dans la forêt amazonienne a eu raison de notre belle acclimatation à l’altitude et malgré la fatigue, la première nuit à l’hôtel Aldo est agitée, malgré le calme et le confort de notre petite chambre double. Le lendemain au réveil, nous  découvrons Huaraz du haut de notre terrasse, petite ville paisible à l’abri de ces deux magnifiques sierras, et la météo nous gratifie d’une magnifique vue sur le plus haut sommet du Pérou, le mont Huascaran qui culmine à plus de 6700 mètres et que, pour la petite anecdote, vous pouvez retrouver à chaque début de film produit par la « Paramount ». Cette ville est le paradis des trekkeurs et des montagnards et les agences proposent toutes sortes d’activités allant de la simple randonnée tout publique, à l’ascension, chaussée de crampons et piolet en main, d’un des hauts sommets de la cordillère blanche. C’est la ville de tous les exploits, alors nous avons décidé, nous aussi de dépasser nos limites et d’aller se frotter aux hautes altitudes. Quoiqu’il arrive nous gravirons le Mont Blanc durant ce séjour !!!

Pour réaliser cette prouesse, nous avons commencé par une journée au calme dans notre petit hôtel afin d’avancer un peu dans le programme scolaire (les maths à 3100 mètres d’altitude, c’est dur !), d’organiser la suite du programme en faisant le tour des agences et de pouvoir grimper les marches jusqu’à notre chambre sans faire une pause à chaque palier.  


Le lendemain, nous poursuivons la phase d’acclimatation en optant pour une magnifique randonnée dans la Cordilliera Negra, pour rejoindre la lagune de Wilcacocha à 3700 mètres d’altitude. Durant les trois heures d’ascension, sous un soleil de plomb, nous suivrons un magnifique sentier bordé de petits murets de pierres taillées délimitant, tantôt les ruelles du village, tantôt des parcelles de terres cultivées ou destinées au bétail que surveillent, le plus souvent, les femmes du village habillées en costume traditionnel, leur dernier marmaille dans le dos. Nous arriverons finalement au bord du lac, en sueur, déshydratés et passablement rouges (les rando sur l’heure du midi sont fatales aux inconscients sans crème solaire), pour découvrir une vue magnifique sur la Cordillère Blanche, Huaraz et la vallée dans laquelle serpente paisiblement le rio Santa. Juliette est aux anges. Le lac est une vraie ménagerie et elle disparaît aussitôt le sandwich avalé pour aller observer les canards sur la lagune, caresser les ânes et donner à manger aux chiens qui n’en demandaient pas tant. Quand à Elise, elle organise des rencontres entre mascottes qui voit ma carrière de photographe prendre un nouveau tournant à prendre en photo un petit lion blanc réunionnais et un petit lutin allemand, bras dessus bras dessous devant les sommets enneigés de la cordillère.La photo est magnifique tout comme ce joli point de vue sur notre ville étape et nos exploits à venir.

C'est beau, mais c'est haut!!

 La lagune de Wilcacocha

 Vue sur le Rio Santa qui sépare les deux cordillères

 Si, si aussi rouge que le tee- shirt!!


 Quand deux mascottes se rencontrent...



Le deuxième jour, levés cinq heures pour tenter d’atteindre l’altitude vertigineuse de 4670 mètres et nous rendre à la Laguna 69, un lac glacière entouré de sommets qui culminent à plus de 5500 mètres. Le réveil pique un peu, mais bientôt, tous les espoirs de pouvoir prolonger la nuit pendant les trois heures de route qui nous séparent du point de départ de la randonnée sont douchés par l’état de la piste et les lacets vertigineux de la route. Le combi qui rebondit d’un nid de poule à l’autre pourrait nous faire craindre un retour impromptu de petit déjeuner si toutefois on avait pris le temps de l’avaler. Après ce trajet chaotique, le combi nous dépose au delà de notre point culminant de la veille, en amont d'une magnifique lagune, pour démarrer notre randonnée qui doit nous mener en trois heures au bord du lac. Pendant la première étape, plutôt tranquille, nous remontons une vallée glacière, longeant un petit ruisseau qui dévale des hauts sommets  dominant la vallée et qui nous chante une petite mélodie douce et fluide,bien plus agréable pour l’éveil des sens que le hurlement d’un moteur de combi en première et les vapeurs qui s’en échappent. Au bout de la vallée, le sentier prend rapidement de la hauteur et pour atténuer un peu l’effort,je profite d’une question d’Elise sur le mal aigu des montagnes pour m’embarquer dans une explication, qui se voulait simple, à base de cargos d’oxygène plus ou moins pleins, de camions que conduisent des routiers sympas et de petites mains en bout de chaine qui déchargent inlassablement pour alimenter les super-marchés en oxygène. J’attendrai qu’Elise l’explique à sa sœur pour vérifier l’efficacité de cette tentative ludique d’approche de la physiopathologie. Quand à Juliette, elle a du trouver qu’il me restait suffisamment de souffle pour qu’on revisite ensemble l’histoire du « petit moulin de sel » ou comment la mer est devenue salée. Une chouette histoire qu’elle connait  par cœur, pour l’avoir entendue des dizaines de fois, mais que je ne finirai pas cette fois, vaincu par l’altitude. Passé 4400 mètres, le souffle devient court, l’effort plus intense et Fred expérimente pour la première fois, la désagréable sensation de devoir marcher à la vitesse d’un escargot arthritique, avec l’impression d’avoir quelques pierres en plus dans le sac à dos. 







Mais le jeu en valait la chandelle, et après trois heures de marche nous découvrons enfin, sous le soleil,  ce magnifique lac glacière d’un bleu turquoise dont l’eau limpide et pure reflète le paysage alentour. La lagune est bordée de glaciers qui dévalent des hauts sommets environnants et dont les impressionnants séracs en équilibre instable le long des pentes vertigineuses craquent à intervalles réguliers dans un vacarme assourdissant qui résonne dans la vallée, nous faisant nous sentir tout petit devant cette prodigieuse et majestueuse masse de glace en mouvement. La descente pour rejoindre le combi fut longue et éprouvante pour nos cuisses, mais sans commune mesure avec le retour à Huaraz par la même route qu’à l’aller. Nous rentrons à l’hôtel vers 21h00 avec tout juste la force d’avaler une pizza avant de plonger sous les couettes et de tenter de récupérer un peu avant d’aller caresser du doigt le glacier Pastoturi qui culmine à 5050 mètres.

La Laguna 69, entourée de glacier






Loin de trainer aux lits prétextant un manque de sommeil notoire et des courbatures bien réelles pourtant, tout le monde est sur le pied de guerre ce matin ; les filles veulent toucher la neige, voir même faire une bataille de boules de neige, bien qu’à 5000 mètres ce ne soit pas bien prudent. Le trajet est bien moins chaotique que la veille et nous prenons le temps d’apprécier le magnifique paysage que dévoile cette somptueuse vallée glacière. 







Le minibus file sur la piste qui s’élève régulièrement avec quelques arrêts sur la route toutefois : le premier pour nous signifier la présence d’une source d’eau gazeuse naturelle qui jaillit d’un petit bassin d’ajoncs, et le second pour admirer de près une des spécificités botaniques de la vallée, le célèbre cactus endémique du parc national : le Puya Remundi qui atteint à maturité plus de 15 mètres de haut, ne fleurit que tous les 90 ans et pendant cette courte période, qui ne dure que 6 mois, sème à tous vents le pollen de près de 5000 fleurs dont les couleurs éclatantes sont un régale pour les yeux de celui qui a la chance d’assister au spectacle. Il s’en est fallu de cinq petit mois pour que nous fassions parti de ceux là, et nous ne verrons, ce jour là que l’ébauche de la floraison. 


Le Puya Remundi

Presqu'en fleur!
Nous arrivons finalement au pied du départ du sentier à 4 800 mètres. Le temps est couvert et les nuages sont menaçants. Alors que nous enfilons les gore-tex, les gants et les bonnets, nous prenons conscience de la présence dans le bus de péruviennes en goguette, petites chaussures à talons aux pieds, en chemisette avec pour l’une d’entre elle un bébé d’environ 6 mois qui apprécie moyennement la plaisanterie. Sur le sentier qui grimpe régulièrement, nous croisons quelques touristes frigorifiés, blancs comme la neige qui les entoure, avec l’estomac au bord des lèvres qui descendent tant bien que mal pour retrouver un peu d’oxygène en aval. En voilà qui n’ont pas construit assez de poids lourds pour alimenter les super marchés en oxygène me dit Elise!Nous croisons également rapidement Juliette, toute fière sur le dos de son cheval, qui nous regarde marcher lentement en économisant notre souffle avec un petit sourire moqueur qui disparaitra lorsque le cheval la déposera à mi parcours pour finir la route à pied. Après une bonne heure d’effort, nous arrivons enfin en vue du majestueux glacier Pastoruri au pied duquel s’épanouit un petit lac où flotte quelques séracs et dont la transparence reflète le paysage qui le borde et le soleil, qui vient de percer définitivement la couche nuageuse et qui pare la montagne de couleurs magnifiques. Les photos sont superbes, et nous mettons à profit notre acclimatation au top pour profiter une bonne heure du site et de la satisfaction de pouvoir contempler de près ce monstre de glace qui respire à un rythme régulier en produisant d’impressionnants craquements. La famille Poupel est en liesse pas peu fière d’avoir atteint l’altitude prodigieuse de 5050 mètres.

 Le glacier Pastoruri

 La famille Poupel à 5050 mètres




 Photo pour immortaliser l'exploit avec Elodie et Aurélien


Non,pas de bataille,la neige est vraiment trop dure!



 Le lendemain soir, après une dernière journée à visiter le marché  artisanal de Huaraz,les filles en ont profité pour acheter des petits souvenirs, nous reprenons le bus de nuit pour Lima, où j’ai bon espoir cette fois de trouver un objectif photo, avant de nous envoler pour Cusco et enfin découvrir la civilisation Inca et ses trésors architecturaux.Et dire que cela fait seulement deux mois que nous voyageons...

vendredi 18 septembre 2015

du 03 au 07 sept : Immersion en forêt Amazonienne

Après un voyage aussi long pour rejoindre Iquitos, il s’agissait de ne pas se tromper d’agence pour l’organisation de notre périple dans la jungle amazonienne. L’offre proposée va en effet du stage de survie en pleine brousse en slip, la machette à la main au lodge tout équipé avec Wi-Fi, visite de zoo avec tarentule apprivoisée et la certitude de se retrouver avec un charmant boa constrictor autour du cou et véritables "faux indiens" en costumes traditionnels avec pseudo séance de chamanisme de groupe.  L’exercice n’est pas évident et le choix se fait vraiment au feeling  à l’écoute du discours bien rodé des directeurs d’agence et après visionnage de l’incontournable album de photos présentant les différentes réjouissances du séjour. Des touristes en maillot de bain, une tarentule sur l’épaule et un serpent peint sur le front c’est non, par contre un quidam habillé en long, bottes au pied, maculé de boue et bombe de répulsif à moustique à la main, on valide. En ce qui nous concerne, Walter a eu le discours le plus proche de nos attentes et nous avons eu la chance de rencontrer deux français dans l’agence qui nous ont dit ce que nous avions envie d’entendre. Alors voilà, nous avons débarqué le mardi 1er septembre de l’Edouardo VIII, et le 03 sept à 9h00, nous embarquerons à nouveau, sur une petite barque plus rapide cette fois, pour rejoindre un petit bras de l’Amazone, le rio Tapira sur les berges duquel se trouve le "lodge Chullachaqui", pour quatre jours et trois nuits dans la jungle amazonienne. Nous avons une journée de répit pour profiter à fond du calme de notre chambre dans l’hôtel Solimoës, d’autant que la journée du lendemain promet d’être mouvementée à Iquitos. Une grève générale est annoncée pour dénoncer l’odieuse exploitation du pétrole Amazonien par des compagnies sans scrupule qui, en déversant des tonnes d’hydrocarbure dans les rivières alentours détruisent au quotidien une part non négligeable de la flore et de la faune environnantes, en plus d’être responsable d’une multitude de pathologies chez les populations qui vivent du fleuve et ingèrent le produit d’une pêche contaminée. Après une recherche rapide sur internet et la lecture du rapport du CCFD et du secours catholique (http://www.bastamag.net/Un-rapport-pointe-du-doigt-les-consequences-de-l-industrie-petroliere-au-Perou), on apprend que les compagnies en question sont franco-britanniques et comme pour chaque affaire de pollution ou d’atteinte à la santé de la population, on y parle ouvertement de corruption, de rapports falsifiés et de mépris du respect de toute législation sur l’environnement, la préservation des espèces et l’habitat traditionnel.
Tout s’est passé tôt le matin, mais à notre réveil les rues sont couvertes de déchets et de débris de verre, une coccinelle brule au milieu d’un carrefour et tous les magasins ont fermés leurs devantures. Le calme est toutefois revenu dans l’après midi et les petites rues ont été nettoyées, bloquées  et reconverties en terrain de foot et de volley où s’affrontent les habitants du quartier jusque tard le soir. L’ambiance est plutôt festive tant qu’on n’essaie pas de s’approcher trop prêt de la « plaza del armas », où des affrontements ont encore lieu. La grève doit durer deux jours, et notre départ le lendemain pour rejoindre la forêt est plutôt bienvenue.
Bien que l’accès au port soit légèrement plus compliqué, nous finissons par rejoindre notre embarcation et après deux heures de navigation sur l’Amazone, nous nous engageons enfin dans un petit bras de rivière d’à peine plus de 20 mètres de large. C’est comme si le rideau s’était levé et que la pièce tant attendue venait de commencer. De chaque coté du rio, la végétation est dense et une multitude d’oiseaux s’affolent et s’enfuient à l’approche du bateau. En quelques minutes nous voyons s’envoler des faucons à têtes jaunes, des éperviers, des martins pêcheurs aux couleurs éclatantes, des échassiers blancs aux allures d’ibis et une foule d’autres volatiles étranges qui semblent sortis tout droit des imagiers animaliers qu’on adorait feuilleter gamin. Encore quelques minutes de navigation et nous découvrons notre grande cabane sur pilotis, plantée à la lisière de cette immense forêt au bord du rio,  dont les moustiquaires remplacent les fenêtres  et présagent de combats à venir, nocturnes et diurnes, avec cette détestable espèce suceuse de sang et pourvoyeuse de pallu. On a tous débuté la malarone, mais ça ne préserve en rien des piqures et des démangeaisons à venir d’autant que les moustiques semblent ici beaucoup moins sensibles au effet des répulsifs.

Les cases flottantes du quartier de Belen


Le rio Tapira

Le lodge Chullachaqui

Le temps de chausser nos bottes (indispensables à toute excursion dans la jungle), et nous nous immergeons en pleine forêt avec la consigne de ne toucher à rien  afin d’éviter toutes mauvaises rencontres piquantes, urticantes, mordantes potentiellement dangereuses voir mortelles. Nous garderons donc les mains dans nos poches pour découvrir des arbres immenses qui s’élèvent droit vers le ciel à la recherche de la lumière, des ficus étrangleurs qui après avoir étouffé leur hôte s’épanouissent en un enchevêtrement dense de racines, repère d’une multitude d’insectes aux dards acérés, d’espéces étranges aux troncs hérissés d’épines, le tout avec de la boue jusqu’aux genoux et arborant le sourire caractéristique du touriste qui sait qu’il est exactement à l’endroit où il avait toujours rêvé de se trouver un jour. Cette journée sera également l’occasion de voir plusieurs colonies de singes virevoltant à la cime des arbres et de faire connaissance avec un petit paresseux domestique friand de caresses et qui semblait sourire dès qu’il avait l’occasion de s’accrocher pour un câlin. Malheureusement ses congénères sauvages sont restés bien cachés et nous n’aurons pas l’occasion des les voir endormis tête en bas, dans leur milieu naturel.  



Gardons les mains dans les poches


Je voudrais un câlin

Cuidado a los manos, c'est très douloureux!


quelques êtres inoffensifs de cette forêt hostile

Le soir, après une douche en compagnie d’une grenouille venue prendre le frais, de chauves souris en panne de radars et après un combat perdu d’avance avec quelques moustiques malins ayant trouvé les failles des moustiquaires d’un autre âge, nous nous endormons paisiblement bercés par la douce mélopée de l’activité nocturne de la forêt.

Les habitants des douches

Le lendemain, nous repartons bottes aux pieds et après plusieurs traversées épiques de rivières boueuses en équilibre sur des troncs ou à l’aveugle en tentant de repérer les rondins sous l’eau qui nous éviteront de nous enfoncer jusqu’à la taille dans une eau opaque et peuplée, nous arrivons au bord d’un bras de rivière pour embarquer dans une pirogue creusée à même le tronc pour l’exploration d’une lagune  qui, d’après Niltong notre guide, est le lieu idéale pour tenter de croiser la route du puissant anaconda et de quelques caïmans sournois nageant entre deux eaux. Nous ne verrons rien de tout cela, mais la pirogue glissant au fil de l’eau, nous conduira de nouveau vers une colonie de singe que nous avons regardé longuement bondir d’un arbre à l’autre, à la demeure de deux iguanes nullement impressionnés par notre approche et vers un lieu où fleurissent des nénuphars géants dont les fleurs blanches odorantes sont un met de luxe pour les colibris. Nous verrons également quelques oiseaux magnifiques notamment des aigles, des pics verts et des charognards de la famille des condors à l’envergure impressionnante, sans toutefois égaler leurs célèbres congénères.  



Euh! j'y vais mais j'ai peur!








Après trois jours dans la jungle


L’après midi nous irons nous baigner en famille dans l’Amazone pour la plus grande joie des filles sans toutefois bien comprendre pourquoi il n’était pas dangereux de se baigner à cet endroit alors que quelques centaines de mètres plus loin nous irons pécher le piranhas le lendemain. Quelques dauphins roses d’Amazonie viendront nous saluer au retour vers notre cabane en bois et  ses moustiques.  


Le seul endroit de l'Amazone sans piranhas.


Le soir, à l’heure ou les touristes normaux se préparent à s’enrouler sous les couvertures pour un repos bien mérité, nous nous sommes préparés pour une exploration nocturne de la jungle en essayant de ne laisser qu’une aire de pique nique limitée aux moustiques devenus encore plus voraces à la nuit tombée. La gore-tex fermée et capuche rabattue sur le visage, nous nous enfonçons dans la forêt à la lueur des seules lampes frontales, marchant silencieusement à l’écoute du moindre bruit et de nos sensations mêlant excitation et une pointe d’anxiété. La jungle est encore plus impressionnante la nuit et y pénétrer pour tenter de voir des mygales, des serpents ou des grenouilles  venimeuses fluo à quelque chose de magique et de surréaliste. Avec un effort d’imagination, je peux presque entendre Pierre Arditi commenter notre progression en voix off. Toujours les mains dans les poches, nous croiserons deux magnifiques tarentules en chassent, impressionnantes et velues et une petite grenouille tout ce qu’il y a de plus normale fuyant à notre approche. Dommage, avec Fred dans notre groupe, je m'étais au moins attendu à tomber sur un gros crapaud de la taille de ceux décrits dans les "Contes de la rue Mouffetard".

Non, on est pas à la montagne!


Le troisième jour, nous sommes partis à la pêche aux piranhas. Pour ce genre de pêche, pas de ver, pas de canne à moulinet perfectionné, mais seulement une branche de bambou, un gros hameçon et quelques bons morceaux de poulet. Après avoir pas mal nourri ces charmantes petites bêtes aux dents incroyablement pointues (surtout Fred et moi d’ailleurs), qui se montrent rusées et voraces, Elise et Juliette ont réussi à maitriser la technique du ferrage  pour ramener à bord de la pirogue deux ou trois piranhas et un énorme poisson chat tandis que Fred et moi assistions, désemparés à la disparition régulière de nos appâts, manquant régulièrement d’embrocher quelqu’un avec nos hameçons en tentant  d’éviter l’humiliation de devoir dépendre de nos filles pour manger. Le soir nous avons pu déguster notre pêche et,le poisson chat et le piranhas cuisinés à la mode amazonienne par Linda, la cuisinière, étaient vraiment délicieux.

Elise, la reine de la pêche au poisson chat


                                  


Le lendemain après une énième séance de pêche et une ultime baignade dans l’Amazone il est temps de rentrer rejoindre notre hôtel sur Iquitos. J’avoue avoir ressenti de façon fugace une pointe de frustration au décours de notre aventure dans la jungle, regrettant de ne pas avoir vu plus d’animaux et ayant  l’impression que notre guide manquait de motivation et de connaissance pour nous faire découvrir les secrets de la forêt. Mais en y repensant, il est possible qu’avec des enfants, le responsable de l’agence respecte un minimum de consignes de sécurité et que notre parcours dans la jungle ait été un tant soit peu différent de celui d’Alex et Willy, par exemple, un couple de français rencontré au lodge qui, en quête d’aventure extrême, ont exploré la jungle pendant 5 jours hors des sentiers battus, et vu bien plus d’animaux que nous, mais qui renoncerons le soir de leur première journée de survie dans la foret amazonienne, épuisés, piqués, mordus avec la sensation d’avoir atteint les limites de ce qu’ils étaient près à endurer. Et en famille, il est clair que le seuil de tolérance est moindre et qu’il était primordial de toujours garder la dimension plaisir pour nous et les filles au cours de  cette aventure amazonienne. Passé ce petit moment de blues, dont l’origine est peut être tout simplement qu’après 15 jours de voyage, notre périple amazonien se termine, je repars pleinement satisfait en ayant l’impression comme le reste de la petite famille Poupel, d’avoir vécu un moment unique.

C'était vraiment magique !